À Nantes, Mondial Relay accélère la disparition de ses points relais commerçants pour les remplacer par des consignes automatiques. Cette mutation, motivée par des enjeux d’efficacité et de rentabilité, suscite l’inquiétude des commerçants locaux, qui y voient une perte de revenus et de lien social.
À retenir :
- Mondial Relay va fermer 3 500 points relais, dont de nombreux à Nantes.
- Les lockers automatisés prennent leur place, accessibles 24h/24.
- Les commerçants dénoncent une perte économique et humaine.
- Les consommateurs sont partagés entre praticité et déshumanisation.
- L’accès aux lockers en périphérie reste une problématique à résoudre.
Une stratégie nationale qui bouleverse Nantes
À Nantes comme ailleurs, Mondial Relay réorganise profondément son réseau : d’ici fin 2025, 3 500 points relais vont fermer à l’échelle nationale, dont 2 500 qui ne seront pas remplacés. Ce changement est déjà bien visible à Nantes, où de nombreux lockers fleurissent dans les centres commerciaux et zones urbaines : Beaulieu, L’Usine Nantes ou encore Rue de Bruxelles accueillent désormais ces casiers automatiques, accessibles jour et nuit.
Selon Mondial Relay, cette décision répond à la nécessité de fluidifier la logistique, mais aussi de suivre l’évolution des usages. « L’objectif est de déployer des lockers partout où cela est possible », déclare une source interne à l’entreprise.
« Le but est de mettre uniquement des lockers à l’avenir, que le client ait des lockers 24h/24 », selon une source de Mondial Relay.
Une automatisation motivée par l’efficacité… et les économies
Le passage aux lockers ne répond pas uniquement à un besoin de modernisation : l’enjeu est aussi financier. Mondial Relay économise environ 400 € par mois en moyenne par commerçant, et jusqu’à 800 € pour les relais les plus actifs, en supprimant les commissions versées.
Autre avantage : plus de contraintes d’horaires, moins de ressources humaines, et un modèle logistique plus facilement scalable. Selon les données partagées par la marque, le réseau de lockers est déjà le plus dense de France, avec plus de 7 000 unités déployées, ce qui place Mondial Relay devant ses concurrents.
Un modèle économique optimisé, donc. Mais à quel prix pour les commerçants de quartier ?
Des commerçants nantais en colère
Pour de nombreux commerçants nantais, la transition est brutale, voire brutale. À l’épicerie l’Atypique, par exemple, le passage de 150 colis hebdomadaires à 30 après l’installation d’un locker à quelques mètres s’est fait sans consultation.
« On se fait jeter comme des vieilles chaussettes sales », témoigne une commerçante à Nantes.
Selon elle, Mondial Relay profite aujourd’hui de la réputation bâtie avec leur aide pendant la crise sanitaire, pour mieux les exclure maintenant. Et la perte n’est pas que financière : le retrait de colis générait du trafic en magasin, de la visibilité, des ventes croisées.
En une phrase : on supprime un service utile au tissu économique de proximité, sans compensation ni accompagnement.
Des utilisateurs partagés entre praticité et déshumanisation
Côté usagers, la flexibilité des lockers séduit, surtout pour ceux aux horaires décalés. « Je travaille en horaires de nuit, impossible de passer à un point relais classique », explique Clara, 29 ans. Le service 24h/24 est donc bienvenu.
Mais certains regrettent la chaleur du contact humain, comme Éric, 52 ans :
« Avant, je discutais 2 minutes avec le commerçant. Aujourd’hui, c’est froid, impersonnel. On a tout perdu. »
Selon une étude Opinion Way de janvier 2024, 52 % des Français privilégient la livraison hors domicile, dont 25 % en consignes. Une évolution sociétale en cours, accélérée par le e-commerce… mais qui laisse les relations humaines sur le bord de la route.
Les zones rurales et périphériques : les grandes oubliées ?
Là où le bât blesse, c’est en dehors des centres-villes. À Nantes intra-muros, les lockers sont déjà nombreux. Mais en périphérie ou en milieu rural, les inquiétudes sont vives : les commerçants étaient souvent le seul point de contact logistique.
La députée Mélanie Thomin alerte :
« Cette stratégie fragilise davantage les zones rurales, où les services de proximité sont déjà rares », selon elle.
Sans maillage suffisant, des pans entiers de la population pourraient se retrouver privés d’un service logistique de base. Le risque d’une fracture géographique dans l’accès aux colis est réel.
Un avenir incertain, entre automatisation et proximité
Mondial Relay a annoncé l’ouverture de 1 000 nouveaux « points relais » d’ici 2025, sans préciser s’il s’agira de commerces ou de nouveaux lockers. L’ambiguïté demeure, mais la tendance semble claire : vers une logistique toujours plus automatisée, moins coûteuse, mais aussi moins humaine.
Selon France 3 Pays de la Loire, de nombreux commerçants de Nantes se sentent trahis. Et les usagers devront s’adapter, quitte à perdre cette convivialité qui faisait la particularité des points relais.
Tableau : Comparatif Points relais vs Lockers à Nantes
Critères | Points relais | Lockers automatiques |
---|---|---|
Accessibilité horaire | Dépend des horaires du commerce | 24h/24 – 7j/7 |
Contact humain | Oui | Non |
Revenus pour les commerces | Environ 400 à 800 €/mois | Aucun revenu local |
Implantation en zone rurale | Fréquente | Rare pour le moment |
Sécurité | Surveillance humaine | Automatisée, vidéosurveillance |
Expérience utilisateur | Chaleureuse, personnalisée | Rapide, impersonnelle |
« Supprimer les points relais, c’est perdre un lien de proximité au profit d’une logistique froide et rentable. »
Et vous, préférez-vous la praticité des lockers ou le contact des points relais ? Votre avis nous intéresse : partagez vos impressions en commentaire.