Hellfest accusé de raser des zones humides pour un parc à l’année

By Erwan

Le festival Hellfest est dans la tourmente. Son projet d’extension à Clisson soulève une vive controverse. Accusé de vouloir artificialiser des terres agricoles et zones humides, le Hellfest cristallise un débat profond sur la compatibilité entre développement culturel et urgence écologique.

À retenir :

  • Le Hellfest projette de transformer 15,4 hectares, dont des zones humides, en parc permanent.
  • La mairie révise son PLU, ce qui pourrait régulariser des constructions déjà existantes.
  • Associations écologistes, riverains et agriculteurs dénoncent une artificialisation illégale.
  • Le festival génère un fort impact économique, mais au prix d’un équilibre environnemental fragile.

Une extension qui bouscule les équilibres à Clisson

Depuis plus d’un an, le Hellfest, géant du metal européen, ne fait plus seulement parler de lui pour ses affiches de légende. Il est aujourd’hui accusé de vouloir raser des zones humides protégées pour y installer un parc de loisirs permanent. Cette transformation toucherait plus de 15 hectares de terres, selon la pétition lancée sur GreenVoice. Et ce, en pleine révision du Plan Local d’Urbanisme (PLU) de la commune de Clisson, point stratégique de la contestation.

Selon la plateforme militante GreenVoice, « le site actuel du festival est situé à 95 % sur des terres agricoles et des zones humides », théoriquement inconstructibles. Pourtant, des structures permanentes y auraient déjà vu le jour, sans permis, dans une forme de régularisation postérieure que dénoncent les opposants.

« C’est un glissement progressif de l’éphémère au durable, sans consultation préalable des habitants. »
Témoignage d’un riverain.

La montée d’un parc touristique permanent

Aujourd’hui, le Hellfest n’est plus seulement un festival de quatre jours. Il s’est métamorphosé en site touristique actif toute l’année, avec des décors monumentaux, des statues métalliques, et même des visites guidées promues par l’Office du Tourisme. On y vient pour l’ambiance, l’univers, parfois sans même aimer le metal.

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Selon l’Office du Tourisme du Vignoble Nantais, le site est ouvert au public hors période de montage du festival et attire chaque été des milliers de visiteurs grâce à sa scénographie unique. Cette dimension permanente est au cœur du débat actuel : le festival devient un parc, mais ses infrastructures reposeraient, en grande partie, sur des terrains non urbanisables.

Un habitant de Clisson témoigne :

« Je suis fier que le Hellfest soit ici, mais je m’inquiète. Ce n’est plus un festival, c’est un parc d’attraction sur des terres qui devraient rester naturelles. »

Un PLU en ligne de mire

Le point névralgique de la contestation est bien la révision du Plan Local d’Urbanisme. Ce document réglementaire, dont la nouvelle version est soumise à enquête publique jusqu’au 2 mai 2025, pourrait requalifier les terres du festival en zones de loisirs. Autrement dit : légaliser ce qui a déjà été construit sans permis.

Selon Mediapart, « les constructions, principalement situées sur des terrains agricoles, deviennent de plus en plus définitives », contredisant les règles d’urbanisme et le Code de l’environnement.

Ce projet soulève une profonde inquiétude chez les écologistes, qui y voient un dangereux précédent. Un retour d’expérience d’une militante associative résume cette peur :

« Dans d’autres communes, on a vu les mêmes logiques aboutir à la disparition complète des zones naturelles. Clisson ne doit pas devenir un cas d’école de destruction écologique masquée par la culture. »

L’impact du Hellfest : moteur ou bulldozer économique ?

D’un point de vue économique, le Hellfest est un mastodonte régional. En 2022, il attirait plus de 420 000 festivaliers. Son impact sur les commerces, hôtels, restaurants, et sur l’image de Clisson est colossal.

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Mais cette réussite justifie-t-elle une dérogation aux règles environnementales ? Pour les défenseurs du festival, l’emploi local, la notoriété internationale et les retombées financières pèsent lourd.

Selon Le Vignoble de Nantes Tourisme :

  • 83 hectares sont déjà mobilisés par le site touristique.
  • Plus de 40 hectares supplémentaires sont envisagés pour les parkings.
  • Le festival a multiplié sa surface par 10 en vingt ans.

Une habitante opposée au projet a lancé une pétition, expliquant :

« La musique ne doit pas servir d’excuse à l’urbanisation sauvage. Chaque mètre carré bétonné est une perte pour la biodiversité. »

Vers un dialogue ou une fracture ?

La mobilisation citoyenne prend de l’ampleur : pétition, réunions publiques, tribunes. Mais les organisateurs, eux, restent discrets. La mairie de Clisson défend la révision du PLU comme une mise en cohérence des réalités du terrain. Les écologistes y voient au contraire une régularisation illégitime d’un projet déjà engagé.

Un tableau synthétique permet de visualiser les positions :

Acteurs concernésPosition sur le projetArgument principal
Hellfest ProductionsFavorableDéveloppement culturel et touristique
Mairie de ClissonFavorable à la révision du PLUCohérence avec l’évolution du site
Associations écologistesOpposéesArtificialisation de terres protégées illégale
Agriculteurs locauxInquietsPerte de terres agricoles
Tourisme localPartagéBénéfices économiques vs. dégradation environnementale

Que peut faire le citoyen ?

À l’heure actuelle, l’enquête publique est la principale voie de contestation. Les citoyens peuvent y déposer leurs observations, proposer des alternatives ou simplement refuser la modification du PLU.

  • Participer à l’enquête publique (jusqu’au 2 mai 2025)
  • Signer les pétitions en ligne (GreenVoice, Change.org)
  • Interpeller les élus locaux
  • Relayer les informations sur les réseaux sociaux
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Selon un juriste interrogé par Mediapart, « toute modification du statut de zones humides doit être encadrée par des compensations strictes. Ce n’est pas le cas ici. »

L’avenir du Hellfest en question

La polémique autour du Hellfest dépasse largement le cadre d’un simple festival. Elle illustre une tension qui anime de nombreuses régions : comment concilier l’essor culturel et économique avec la préservation du vivant ? À Clisson, la réponse se jouera dans les prochains mois, au fil des contributions citoyennes et des décisions d’urbanisme.

Il ne s’agit pas de choisir entre culture et nature. Il s’agit de penser un avenir qui respecte les deux. Et vous, pensez-vous qu’un festival peut durablement coexister avec des zones naturelles protégées ? Partagez votre avis en commentaire.

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