Inquiétudes pour les 342 salariés du site ArcelorMittal de Basse-Indre

By Erwan

Le site industriel de Basse-Indre vit des heures sombres. Production en baisse, chômage partiel et menaces de délocalisation pèsent sur ses 342 salariés. Les élus tirent la sonnette d’alarme.

A retenir :

  • Baisse continue de la production d’acier depuis 2023
  • Chômage partiel étendu et avenir salarial incertain
  • 30 millions d’euros d’investissements environnementaux en suspens
  • Débrayages et mobilisation des élus locaux face à ArcelorMittal
  • Risque de délocalisation dans un contexte européen fragilisé

Un site bicentenaire au bord du précipice

Un fleuron industriel ancré depuis 1824

C’est un site industriel que rien ne semblait pouvoir ébranler. Implanté depuis deux siècles en Loire-Atlantique, ArcelorMittal Basse-Indre a toujours su évoluer. En 2024, lors de son bicentenaire, j’y ai vu des familles entières, des anciens ouvriers fiers de transmettre l’histoire d’un site ayant contribué à l’essor de l’industrie française.

Mais cette célébration a un goût amer. La fête est finie.

Selon le site officiel du groupe, Basse-Indre est le plus ancien site actif d’ArcelorMittal en France. Il produit de l’acier étamé pour les emballages alimentaires, un savoir-faire reconnu et précieux. Mais la chute récente de la production a mis à mal sa pérennité.

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Une baisse de production inquiétante

En 2023, la production est tombée à 200 000 tonnes, bien en dessous de la capacité maximale de 320 000 tonnes. Pour 2025, les projections s’effondrent à 186 000 tonnes. Ce n’est pas qu’un chiffre : ce sont des dizaines de postes qui pourraient disparaître si la cadence continue de ralentir.

Selon l’analyse du média FO44, cette chute de rendement est symptomatique d’une perte d’attractivité du site face aux autres entités européennes du groupe ArcelorMittal. Cette dégradation progressive alimente un climat d’incertitude.

La crainte du chômage et de la délocalisation

Des conditions de travail dégradées

Depuis plusieurs mois, les salariés vivent au rythme du chômage partiel de longue durée (APLD). Deux jours chômés par mois, compensés à hauteur de 85 % du salaire net… jusqu’en juin. Après cela, les perspectives sont sombres : retour au chômage technique à 70 % du salaire.

« On tient, mais pour combien de temps encore ? » m’a confié un ouvrier rencontré en marge d’un rassemblement syndical. L’ambiance sur le site est pesante. Beaucoup redoutent une fermeture déguisée.

“On nous demande de patienter, mais on ne sait pas si on aura encore un emploi demain.”
Témoignage d’un salarié – avril 2025

Le spectre d’un transfert d’activité

En février, ArcelorMittal a reconnu envisager une nouvelle stratégie de regroupement et potentiellement une délocalisation. Cette annonce résonne comme un coup de massue. L’expérience de 2012 – lorsque des activités avaient été transférées vers Florange – reste gravée dans les mémoires.

Selon le site d’information industrielle L’Usine Nouvelle, ces mouvements de restructuration sont désormais une stratégie assumée du groupe. D’autres sites comme ceux de Reims ou Denain ont récemment fermé. Basse-Indre semble suivre la même trajectoire.

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Un investissement capital, mais incertain

Des normes environnementales à respecter

La directive européenne REACH impose la suppression du chrome hexavalent, substance nocive utilisée dans le traitement de l’acier. Pour s’y conformer, l’usine de Basse-Indre a besoin de 30 millions d’euros d’investissements.

Un syndicaliste me confiait lors d’un échange :

« C’est l’arme parfaite pour justifier une fermeture : pas rentable, pas aux normes, pas prioritaire. »

Sans engagement financier clair de la direction, ce besoin urgent devient une menace indirecte.

Les élus montent au créneau

Le 4 avril 2025, Johanna Rolland (maire de Nantes) et Anthony Berthelot (maire d’Indre) ont alerté Éric Lombard, ministre de l’Économie. Dans leur courrier, ils réclament un soutien concret pour l’industrie locale.

Selon un article de Hello Gazette Nantes, les élus dénoncent l’incohérence entre les discours gouvernementaux sur la réindustrialisation et l’inaction face à des fermetures comme celle-ci. Ils appellent à des “mesures urgentes et structurantes.”

Une mobilisation qui prend de l’ampleur

Syndicats et salariés en lutte

Le 18 avril, 120 salariés ont débrayé. Ce n’est pas anodin. Plus d’un tiers du personnel a stoppé les machines pour exprimer sa colère. La CGT et FO réclament des engagements écrits de la part de la direction.

“Ce site, c’est toute ma vie. Voir son avenir menacé est un crève-cœur.”
Retour d’expérience d’un technicien présent depuis 23 ans

L’absence de dialogue nourrit la peur. Les syndicats craignent un “démantèlement en silence.”

L’effet domino à redouter

Une fermeture aurait des conséquences désastreuses pour l’économie locale. Chaque emploi industriel génère plusieurs emplois indirects. Basse-Indre, c’est aussi une vingtaine d’alternants, de sous-traitants, de PME partenaires. Un tissu qu’on ne reconstruit pas en un claquement de doigts.

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Tableau récapitulatif des menaces et leviers

Facteurs de risqueDétails
Baisse de production– 200 000 tonnes en 2024, prévisions à 186 000 t. en 2025
Chômage partiel prolongé– Risque de passage à 70 % de salaire dès juin 2025
Absence d’investissement– 30 millions d’euros pour normes environnementales en attente
Délocalisation envisagée– Regroupement d’activités annoncé en Inde par le groupe
Silence de la direction– Aucun calendrier d’investissement annoncé à ce jour

Et maintenant ?

L’avenir du site ArcelorMittal Basse-Indre se joue dans les prochains mois. Le gouvernement va-t-il s’engager pour éviter une nouvelle désindustrialisation ? Le groupe va-t-il investir ?

Selon les informations de France 3 Régions, les salariés et les élus locaux restent mobilisés, prêts à monter en intensité si aucune réponse n’est apportée rapidement.

Et vous, pensez-vous que l’État doit intervenir pour préserver ce site industriel historique ? Vos commentaires sont les bienvenus.

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