Nantes, la statue de Louis XVI temporairement cachée pour une installation d’art contemporain

By Erwan

À Nantes, la statue de Louis XVI sera masquée par une œuvre d’Iván Argote durant le festival « Le Voyage à Nantes 2025 ». Cette installation temporaire interroge notre rapport aux symboles monarchiques dans l’espace public et ouvre un débat passionné entre mémoire patrimoniale et création contemporaine.

À retenir :

  • La statue de Louis XVI sera masquée du 28 juin au 31 août 2025 par l’œuvre Antípodos
  • L’installation utilise des miroirs pour « faire disparaître » la figure royale
  • Cette démarche interroge notre relation aux symboles monarchiques dans l’espace républicain

Une disparition temporaire mais symbolique au cœur de Nantes

En 2025, la ville de Nantes sera une nouvelle fois le théâtre d’un étonnant dialogue entre passé et présent. Au centre de la place Maréchal-Foch, la célèbre statue de Louis XVI ne sera plus visible durant l’été. Une disparition volontaire orchestrée par l’artiste colombien Iván Argote, dans le cadre du festival Le Voyage à Nantes. Intitulée Antípodos, son installation propose de faire littéralement « éclipser » le roi de l’espace public grâce à un jeu de miroirs. Une opération visuelle audacieuse qui transformera la colonne historique en mirage urbain.

Selon Le Voyage à Nantes, cette œuvre vise à « réinterroger la présence des symboles monarchiques dans l’espace public »[1]. Une démarche qui ne manque pas de susciter le débat, tant l’histoire de cette colonne incarne la complexité politique française. Le projet s’inscrit dans un été artistique baptisé L’étrange été, qui réunira 12 artistes internationaux à travers un parcours de 16 kilomètres dans la ville.

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Un monument chargé d’histoire remis en question

La colonne Louis XVI est bien plus qu’un simple ornement urbain. C’est un témoin de l’histoire agitée de la France post-révolutionnaire. Érigée à la fin du XVIIIe siècle, elle reste sans statue pendant plus de 30 ans. Ce n’est qu’en 1823 que l’on y installe l’effigie de Louis XVI, représenté « à l’antique » comme un empereur romain.

Ce monument, haut de 28 mètres, a vu passer les siècles et les changements de régime. La statue actuelle est une copie, réalisée en 1926 par le sculpteur Georges Perraud. L’original, trop abîmé, repose aujourd’hui au musée Dobrée. Il s’agit de l’une des dernières statues monumentales du roi en France, les autres ayant souvent été détruites ou déplacées, comme celle envoyée à Louisville aux États-Unis en 1966.

Témoignage :

« Je passe devant la statue tous les jours. Ce qu’Argote propose me donne envie de la regarder autrement, ou même de m’interroger sur ce que je ne voyais plus. » — Céline, habitante du quartier Saint-Clément

Antipodes et figures renversées : le geste artistique d’Argote

Antípodos n’est pas une simple couverture de statue. L’installation se compose de plusieurs éléments marquants : deux silhouettes humaines en bronze, tête en bas, escaladent la colonne et un immeuble voisin, comme attirées par un monde à l’envers. Ces « antipodes » renvoient à une vision médiévale selon laquelle des créatures vivaient aux confins du monde, les pieds inversés.

Le sommet de la colonne sera cerclé de miroirs réfléchissants, effaçant visuellement la statue. Ce dispositif joue avec la gravité, la perception et l’histoire.

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Selon Sophie Lévy, directrice du Voyage à Nantes,

« c’est une figure des antipodes qui prend d’assaut cet héritage royaliste ».

Cette mise en scène transforme un symbole figé en question ouverte. Ce n’est pas un effacement définitif, mais une suspension, un questionnement. Une forme d’ironie douce mais puissante, typique d’Iván Argote, habitué à travailler sur les figures du pouvoir et du colonialisme.

Retour d’expérience :

« J’avais vu une œuvre d’Argote à Paris, où il modifiait un monument avec humour et respect. C’est troublant mais jamais gratuit. » — Mathieu, enseignant en histoire de l’art

Un débat inévitable sur l’héritage et la mémoire

Comme souvent quand l’art s’empare du politique, les réactions sont contrastées. Sur les réseaux sociaux, les critiques n’ont pas tardé à surgir. Certains parlent de cancel culture, d’effacement de l’histoire, voire de provocation inutile. D’autres y voient une chance d’ouvrir le débat sur ce que nous voulons conserver, montrer, transmettre.

Selon Le Journal du Dimanche, « la ville de Nantes, dirigée par la maire Johanna Rolland, est habituée des polémiques, qu’elles concernent la sécurité ou la mémoire urbaine ».

Pourtant, cette intervention artistique semble proposer une voie médiane : ne pas détruire, mais interroger.

Cette approche est loin d’être isolée. Partout dans le monde, des statues sont contestées, déplacées, réinterprétées. Nantes choisit ici une voie singulière : créer un moment temporaire de réflexion, sans nier le passé.

« L’histoire n’est jamais figée, et notre regard peut toujours être bousculé. » — Le Voyage à Nantes

Un été sous le signe de l’étrangeté créative

Cette œuvre d’Argote s’inscrit dans un programme plus vaste, L’étrange été, dirigé par Sophie Lévy. Le Voyage à Nantes 2025 promet des installations qui chamboulent le regard, comme celle de Prune Nourry (Mothership) ou de Willem de Haan et ses figures hyperréalistes de Nantais modernes à la place Royale.

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Parmi les installations à ne pas manquer :

  • Mothership, sculpture de femme enceinte de 17 mètres
  • Fontaine réinterprétée avec des figures nantaises contemporaines
  • Couleurs subtiles de Flora Moscovici dans des lieux inattendus

Selon la ville, ce parcours vise à offrir

« une vision surréaliste de Nantes et de son identité plurielle ».

Tableau récapitulatif : comprendre l’installation « Antípodos »

Élément de l’œuvreDescription
TitreAntípodos
ArtisteIván Argote (Colombie)
LieuPlace Maréchal-Foch, Nantes
PériodeDu 28 juin au 31 août 2025
Dispositif principalMiroirs encadrant la statue, donnant l’illusion de sa disparition
Autres élémentsDeux figures en bronze, pieds vers le ciel, gravitant autour de la colonne
ThématiqueRéinterprétation des symboles monarchiques dans l’espace public

Cette intervention ne laisse personne indifférent. Et c’est peut-être là sa plus grande réussite : nous forcer à voir ce que l’on croyait évident, autrement. Dans une ville comme Nantes, marquée par une histoire forte — de la traite négrière aux révolutions industrielles — cette éclipse du roi offre un miroir sur notre présent.

Et vous, que pensez-vous de cette disparition artistique temporaire ? Est-ce une œuvre salutaire ou un geste polémique ? Venez débattre en commentaires.

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