Nantes Métropole fait figure de pionnière. En cette année 2025, elle devient la première agglomération française à se doter d’un observatoire numérique de la biodiversité couvrant l’ensemble de son territoire. L’outil, accessible à tous, repose sur un socle de 420 000 données validées scientifiquement. Selon Jean-Sébastien Guitton, vice-président en charge de l’eau et de la biodiversité, « cette plateforme permet de garder à jour une cartographie fine, évolutive, et surtout utile à la décision publique ».
À retenir :
- L’observatoire recense plus de 4 370 espèces vivantes.
- Il couvre 24 communes de la métropole de Nantes.
- Il repose sur 2 690 observateurs bénévoles.
- Il soutient une stratégie en 3 axes : Reconquête, Renaturation, Reconnexion.
- Il sert d’outil décisionnel pour les projets d’aménagement.
De l’atlas à la plateforme : une ambition de veille écologique permanente
L’initiative s’inscrit dans la continuité de l’atlas de la biodiversité métropolitaine publié en 2022. Mais cette fois, Nantes va plus loin. L’objectif n’est plus de figer le vivant dans un rapport ponctuel, mais d’offrir un outil vivant et évolutif, alimenté en temps réel. Chaque espèce y est représentée avec sa photo, son habitat, son niveau de menace, et sa répartition géographique.
« En mettant à disposition les informations aux habitants, cette plateforme web fait prendre conscience de l’importance et de la fragilité de cette richesse naturelle. »
— Jean-Sébastien, Nantes
En explorant la plateforme lors de mon dernier reportage, j’ai été frappé par la richesse des espèces recensées à proximité de la station de tramway Beauséjour : tritons, chauves-souris et rosalies des Alpes. Une nature souvent invisible mais bel et bien présente en ville.
Une richesse écologique d’une rare densité
Selon les données compilées, 269 espèces remarquables ont été identifiées, dont la noctule commune, la loutre d’Europe, ou encore l’angélique des estuaires. Certaines zones comme les marais de Mauves ou l’île de la Motte sont de véritables refuges de biodiversité. Nantes Métropole se distingue également par 9 200 hectares de zones humides, 1 000 km de cours d’eau et 3 500 hectares de prairies naturelles.
Tableau – Données clés de l’observatoire
Indicateur | Valeur |
---|---|
Date de lancement | 22 mai 2025 |
Nombre d’espèces recensées | 4 370 |
Espèces remarquables | 269 |
Données collectées | 420 000 |
Observateurs bénévoles | 2 690 |
Communes couvertes | 24 |
L’humain au cœur de la connaissance du vivant
Ce projet n’existerait pas sans l’engagement citoyen. Des campagnes participatives sont lancées toute l’année : recensement d’hirondelles, suivi des amphibiens, etc. Grâce à l’application NaturaList, chaque habitant peut signaler une observation de terrain. Selon PatriNat, c’est cette mobilisation massive qui permet de détecter les signaux faibles et d’anticiper les évolutions.
Témoignage
« Participer à l’observatoire m’a permis de redécouvrir la nature qui m’entoure et de contribuer à sa préservation. »
— Marie, habitante de Nantes
Une stratégie territoriale fondée sur les “3 R”
La métropole a structuré sa politique autour de trois piliers :
- Reconquête des espaces naturels : restauration de corridors écologiques, protection des espèces nocturnes avec la “trame noire”.
- Renaturation urbaine : végétalisation, dé-imperméabilisation des sols, création d’oasis urbaines.
- Reconnexion au vivant : sentiers de découverte, projet de l’Étoile verte, outils pédagogiques.
Un exemple marquant : l’installation de passerelles à loutres sous les ponts. Une mesure concrète pour garantir la continuité écologique sur le long terme.
Une aide précieuse à la planification urbaine
En croisant les données de l’observatoire avec les projets d’aménagement, la métropole évite désormais les erreurs du passé. Par exemple, la mise en lumière de colonies de chauves-souris a permis de repousser ou modifier certains chantiers. Cela traduit une bascule de paradigme : la biodiversité devient un critère central dans les politiques publiques, et non plus une variable d’ajustement.
Un modèle reproductible pour d’autres villes françaises
Selon les experts de PatriNat, ce travail collaboratif « fait figure de laboratoire national ». Pour la première fois, une métropole de cette taille engage une telle alliance entre données scientifiques, gouvernance publique et mobilisation citoyenne. Le projet nantais pourrait donc bien inspirer d’autres collectivités, dans un contexte de déclin généralisé de la biodiversité.
Vers une ambassade de la biodiversité en 2030
L’aventure nantaise ne fait que commencer. Une Ambassade de la biodiversité urbaine ouvrira ses portes en 2030 au parc du Grand-Blottereau. Ce futur centre d’interprétation, animé par des scientifiques et des médiateurs, viendra compléter la dimension numérique de l’observatoire par une expérience physique et immersive du vivant.
Retour d’expérience
En tant que journaliste environnemental, j’ai rarement vu un projet aussi complet. La force de cet observatoire ? Sa capacité à concilier rigueur scientifique, engagement politique et implication citoyenne. Un triptyque qui donne corps à la transition écologique.
Et vous, avez-vous déjà consulté les espèces présentes dans votre quartier ? Partagez vos observations ou expériences en commentaire !