Jean-Charles Castelletto ne rejoindra pas Al-Wakrah, comme initialement prévu. Le défenseur camerounais du FC Nantes a choisi l’offre émiratie d’Al-Jazira, au détriment des clubs qataris. Un simple transfert ? Non. C’est un nouvel épisode d’une rivalité géopolitique qui dépasse le football.
À retenir :
- Castelletto quitte le FC Nantes pour 4 M€, direction Al-Jazira (Émirats)
- Al-Wakrah, puis Al-Duhail (Qatar) ont tenté de l’attirer sans succès
- Le Qatar essuie un revers diplomatique et sportif
- Nantes récupère plus que prévu pour son défenseur
Un feuilleton de l’été qui dépasse le sport
Le transfert de Jean-Charles Castelletto s’annonçait simple : un départ vers le Qatar, un chèque de 3,5 millions d’euros, un adieu discret au FC Nantes. Mais c’était sans compter l’arrivée d’un troisième acteur : Al-Jazira, club d’Abou Dabi. Avec une offre de 4 millions d’euros, le club émirati a fait basculer le destin du défenseur central en sa faveur.
“On ne s’attendait pas à ce que l’offre d’Al-Jazira rebondisse aussi vite”, confie un proche du FC Nantes.
Selon Foot Mercato, Castelletto passera sa visite médicale le 16 juillet avec le club émirati. À 30 ans, et après cinq saisons passées à Nantes, le défenseur va découvrir un nouveau championnat… mais surtout, devenir malgré lui le symbole d’un bras de fer plus large.
Al-Wakrah doublé, Al-Duhail contre-attaque… trop tard
Tout semblait pourtant ficelé avec Al-Wakrah, modeste club qatari, qui s’était entendu avec le FC Nantes sur une indemnité de 3,5 millions d’euros. Mais selon But Football Club, l’arrivée soudaine d’Al-Jazira a tout changé.
Le Qatar n’a pas tardé à réagir. Al-Duhail, club prestigieux où évoluent Marco Verratti et Benjamin Bourigeaud, a lancé une contre-offre salariale élevée, espérant détourner Castelletto au dernier moment.
Mais, selon Foot Africa, le joueur a préféré la promesse d’un rôle de titulaire à Al-Jazira, plutôt qu’un banc potentiellement doré à Al-Duhail.
“Al-Duhail est arrivé trop tard, et avec une proposition sans garanties sportives”, explique un observateur du championnat qatari.
Une bataille du Golfe déguisée en marché des transferts
Derrière ce feuilleton, une lecture politique s’impose. Depuis le blocus imposé au Qatar entre 2017 et 2021 par ses voisins (dont les Émirats), les tensions régionales restent vives. Et dans cette rivalité idéologique, le football est devenu un levier d’influence stratégique.
Selon L’Équipe, les Émirats misent sur des investissements ciblés et discrets, à l’image de leur City Football Group (Manchester City, Girona, Troyes). Le Qatar, lui, déploie une politique plus visible et ostentatoire via le PSG, la Coupe du monde 2022, ou le sponsoring massif.
Le transfert de Castelletto n’est pas un cas isolé. Il s’inscrit dans cette bataille de soft power, où chaque recrue européenne est une pièce sur l’échiquier de l’influence.
Nantes s’en sort bien, Castelletto tourne la page
Pour le FC Nantes, cette bataille a été bénéfique. Le club, qui cherchait à alléger sa masse salariale, encaisse finalement 4 millions d’euros, soit 500 000 € de plus que prévu. Un joli coup pour un joueur sous contrat jusqu’en 2028 mais qui n’entrait plus dans les plans de Luis Castro.
Témoignage : “C’est une bonne opération financière pour Nantes, même si Castelletto aurait pu rendre encore des services”, estime Mathieu, supporter nantais de longue date.
Du côté du joueur, ce départ marque la fin d’un cycle. Après avoir été l’un des piliers de la défense nantaise, il avait perdu sa place de titulaire en 2024. Le championnat des Émirats lui offre un nouveau départ, des responsabilités, et un chèque bien garni.
Tableau comparatif des offres reçues
Club | Pays | Offre (en M€) | Rôle sportif | Situation finale |
---|---|---|---|---|
Al-Wakrah | Qatar | 3,5 | Titulaire potentiel | Rejetée |
Al-Jazira | Émirats arabes unis | 4 | Titulaire garanti | Acceptée |
Al-Duhail | Qatar | >4 (salaire) | Statut incertain | Arrivée trop tardive |
Une stratégie qatarienne en question
Le Qatar Investment Authority, évalué à 460 milliards de dollars en 2022, dispose de moyens colossaux. Pourtant, le pays peine parfois à rivaliser avec la diplomatie plus agile des Émirats, qui investissent davantage dans la tech, les infrastructures, et des clubs moins exposés.
Selon Frédéric Encel, “le Qatar défend une vision islamiste de la politique, perçue comme menaçante par ses voisins monarchiques. Cette divergence structurelle se reflète jusque sur les pelouses.”
“Le transfert de Castelletto illustre comment le football est devenu un théâtre diplomatique à ciel ouvert entre le Qatar et les Émirats.”
Vers une nouvelle guerre du marché ?
Ce n’est sans doute que le début. Après le duel autour de Benjamin Bourigeaud (passé de Rennes à Al-Duhail), celui de Castelletto prouve que les clubs européens deviennent des intermédiaires involontaires de cette rivalité.
Les prochaines semaines diront si le Qatar muscle sa stratégie de réponse, ou s’il continue de subir les contres offensives émiraties sur le terrain des transferts.
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