Depuis septembre 2025, tous les foyers de la métropole nantaise doivent trier leurs déchets alimentaires. Trois dispositifs complémentaires seront déployés dans les 23 communes d’ici avril 2026. Objectif : valoriser 30 000 tonnes de biodéchets par an d’ici 2027 et produire de l’énergie et du compost localement.
À retenir :
- 3 solutions adaptées à chaque type d’habitat
- 2 100 bornes de tri installées d’ici avril 2026
- 25 000 composteurs distribués gratuitement
- Objectif : –12 000 tCO₂e/an et 4 GWh de biogaz
Une obligation nationale qui s’ancre localement
Depuis le 1er janvier 2024, le tri à la source des biodéchets est devenu obligatoire pour tous les ménages et professionnels. La loi AGEC contraint chaque collectivité à fournir une solution de tri ou de compostage, sous peine d’amende (jusqu’à 750 € pour les particuliers en cas de manquement).
Face à cette réforme, Nantes Métropole a décidé d’aller au-delà du minimum réglementaire. Elle s’est appuyée sur quatre années d’expérimentation à Nantes-Nord pour bâtir un plan de généralisation fondé sur trois dispositifs complémentaires, adoptés le 27 juin 2025 en conseil métropolitain.
« À Nantes, on avait déjà les composteurs partagés dans notre résidence. Depuis janvier, on utilise aussi la borne en bas de l’immeuble. C’est devenu un geste aussi naturel que le tri du papier. »
— Sandrine, habitante de Malakoff
Trois solutions pensées pour les réalités de terrain
Le dispositif repose sur une approche différenciée selon la densité du quartier et le type de logement, pour atteindre 100 % de couverture à moins de 100 mètres du domicile.
Bornes de tri en zone urbaine dense
Des bornes en accès libre seront installées en pied d’immeuble pour 105 000 foyers. Ces 2 100 PAV (points d’apport volontaire) seront en place d’ici avril 2026. Le service inclura :
- Collecte hebdomadaire
- Lavage mensuel ou hebdomadaire selon la saison
- Expérimentation de désinfection vapeur en été 2026
« Selon AURAN, plus de 12 kg de biodéchets ont été collectés par habitant sur les secteurs test en 2024, un chiffre encourageant. »
Composteurs collectifs sécurisés
Pour les logements collectifs de 15 appartements ou plus dans les secteurs moins denses, 400 composteurs sécurisés seront installés d’ici 2027. Ces équipements seront :
- Suivis mensuellement par l’association Compostri
- Accessibles uniquement par code
- Implantés sur la base du volontariat des copropriétés
Composteurs individuels pour maisons avec jardin
Enfin, 25 000 composteurs domestiques (150 ou 300 litres) seront distribués gratuitement entre septembre 2025 et septembre 2026, via un e-service métropolitain. Les bénéficiaires devront :
- Disposer d’un jardin privatif ou partagé
- S’engager à un usage régulier
- Participer à une formation en ligne ou sur site
Résultats attendus : un tournant écologique et économique
Selon Nantes Métropole, ces solutions permettront une réduction de 12 000 tonnes de CO₂ équivalent par an, notamment en évitant l’incinération des déchets alimentaires humides.
Le traitement des biodéchets collectés sera localisé :
- 50 % à Rezé, sur la plateforme de méthanisation De l’assiette au champ
- 50 % à Vallet, sur le site de compostage de Suez
Un double débouché permettant de produire :
- 4 GWh/an de biogaz, valorisé en cogénération ou injecté dans le réseau
- 10 000 tonnes/an de compost local, substitut aux engrais chimiques
« Selon l’ADEME, 45 kg de biodéchets sont encore jetés chaque année par habitant dans la poubelle grise. »
Coûts, emploi et gouvernance : un projet structurant
Le plan mobilise un budget de 6 millions d’euros entre 2025 et 2027, réparti entre :
- L’installation des bornes et composteurs
- Les campagnes de sensibilisation
- Les outils numériques (capteurs connectés, pesées embarquées)
La mise en œuvre implique plusieurs partenaires :
- Paprec, pour la collecte hebdomadaire
- Compostri, pour l’animation du compostage
- AURAN, pour la modélisation géostatistique
Côté emploi, 25 postes équivalent temps plein seront créés dans les secteurs de la collecte, de la méthanisation et du compostage.
Tableau récapitulatif
Dispositif | Cible | Volume | Échéance | Modalité |
---|---|---|---|---|
Bornes de tri (PAV) | Foyers en zones denses | 2 100 bornes | Avril 2026 | Collecte + lavage |
Composteurs collectifs | ≥ 15 logements en zone moins dense | 400 unités | 2027 | Accès sécurisé |
Composteurs individuels | Maisons avec jardin ou petits immeubles | 25 000 unités | Septembre 2026 | Distribution gratuite |
Des points de vigilance bien identifiés
Selon la Métropole, le succès du dispositif dépendra de plusieurs leviers :
- Fréquence de lavage pour éviter les nuisances olfactives
- Pédagogie de terrain, grâce à 20 ambassadeurs déchets en porte-à-porte
- Suivi qualitatif, avec capteurs embarqués testés sur 200 bornes pilotes
« Le tri alimentaire à la source devient un geste aussi essentiel que le tri papier ou plastique. Il doit s’intégrer naturellement dans notre quotidien. »
Un pari métropolitain pour l’économie circulaire
Avec ce déploiement ambitieux, Nantes Métropole devient l’un des territoires les plus en avance sur la valorisation des biodéchets. Ce plan incarne une nouvelle étape vers une économie circulaire de proximité, réduisant les déchets, produisant localement de l’énergie et créant de l’emploi durable.
À Saint-Herblain, un collectif d’habitants s’est formé dès 2023 pour suivre les taux de remplissage des bornes et demander des lavages plus fréquents. Cette initiative citoyenne a permis d’ajuster les tournées dès le printemps suivant.
À La Chapelle-sur-Erdre, l’installation de composteurs collectifs dans les lotissements a été bien accueillie, notamment après des ateliers co-animés par Compostri et la ville. Résultat : +32 % de biodéchets valorisés en un an.
Et vous, êtes-vous prêts à trier vos restes alimentaires ?
Nantes Métropole s’engage, mais la réussite dépendra aussi de vous, habitants, usagers, familles, copropriétés. Vous avez testé l’un de ces dispositifs ? Vous souhaitez poser une question ou partager une astuce ? Laissez votre avis en commentaire !