Le secteur MICE international connaît une reprise spectaculaire sur des destinations long courrier comme Dubaï, Singapour, le Vietnam ou l’Afrique du Sud. Pourtant, pour Sébastien Couix, président-fondateur de l’agence nantaise Visamundi, la bureaucratie reste un frein majeur à l’organisation d’événements de grande envergure :
« Les acteurs du tourisme d’affaires font face à des démarches de visa complexes et instables, qui dissuadent les entreprises d’élire des destinations hors Europe pourtant ultra-compétitives. »
Des procédures qui ralentissent la croissance

Pour les événements professionnels à Londres début 2025, plusieurs organisateurs MICE ont rapporté que des participants extra-européens, pensant bénéficier de l’exemption de visa sur leur nationalité, ont été bloqués à l’embarquement faute d’ETA initiée à temps : « Certains voyageurs ont cru à tort qu’une lettre d’invitation émanant de sociétés ou d’organisateurs reconnus suffisait pour l’entrée. »
Annulations et choix alternatifs
De nombreux congrès internationaux ont privilégié récemment le Vietnam ou l’Afrique du Sud plutôt que des destinations telles que les USA, le Canada ou le Brésil, où les politiques de visa restent rigides et imprévisibles. Le dirigeant de Visamundi constate : « Nos clients nous disent : il est impossible de planifier un événement sereinement quand 10% des participants risquent de ne pas obtenir leur visa à temps. La sécurité administrative devient plus importante que le prestige de la destination. » La suspension soudaine des visas par les Émirats arabes unis pour plusieurs nationalités ces dernières semaines a également marqué les esprits. « On voit à quel point une décision politique peut totalement bouleverser une destination en quelques heures », ajoute-t-il.
I got a fully funded scholarship to attend a tech event in London but my VISA was DENIED. 🥲
— Braimoh Ikpemosi Victoria ☁️ ✨ (@_vikiano) March 21, 2025
One of the reasons for the rejection was that I wouldn’t return to my country after the event.
I have barely 10 days left and the normal Visa processing takes 15 days pic.twitter.com/nEUxbC9mi1
En 2025, lors de grands congrès internationaux à Montréal, des chercheurs d’Afrique et d’Asie n’a pas pu obtenir leur visa dans les délais, certains dossiers restant en « administrative processing » à quelques jours du début de l’événement. Plusieurs sessions ont été annulées ou restructurées à cause de l’absence d’intervenants attendus, fragilisant la portée de ces réunions scientifiques et le montage des équipes projet.
Digitalisation et/ou stabilité ?
« La digitalisation est un progrès indéniable, mais elle n’a de valeur que si elle s’accompagne d’une vraie stabilité juridique et d’une transparence des critères d’obtention », tempère Sébastien Couix. Il salue l’exemple de l’Afrique du Sud qui délivre désormais des visas électroniques à de nombreux participants indiens et chinois en quelques jours.
« L’harmonisation internationale et la sécurisation des parcours sont cruciales pour ne pas laisser les entreprises dans l’incertitude jusqu’à la veille de l’événement. »
L’avenir du MICE long courrier dépendra de la capacité des destinations à proposer des procédures simples, fiables et sécurisées.
« Si rien ne change, ce sont des pans entiers de l’activité événementielle qui vont basculer systématiquement sur les pays digitalement avancés et politiquement stables. L’enjeu dépasse le secteur du voyage : il concerne toute l’économie mondiale des affaires », conclut Sébastien Couix.
Un autre enjeu central, selon Sébastien Couix, réside dans la coordination entre institutions publiques et acteurs privés. « Les gouvernements doivent comprendre que l’attractivité MICE ne dépend pas seulement d’infrastructures ou de budgets marketing, mais d’écosystèmes administratifs réactifs », avertit-il. Trop souvent, les plateformes de e-visa restent déconnectées des besoins concrets des agences, compagnies aériennes ou hôteliers, ce qui multiplie les zones grises et ralentit les projets. « La vraie révolution viendra le jour où les États intègreront les acteurs du voyage dans la conception même des outils de délivrance et de suivi des visas. Le MICE, c’est une micro-économie du temps : quand une autorisation prend 10 jours de plus, c’est un contrat de plusieurs millions qui peut partir ailleurs. »