Baguettes de pain en vitrine

En Bretagne, un four à pain communal redonne vie au village de Massérac après la fermeture de sa boulangerie

By Loic

Dans ce petit coin du nord de la Loire-Atlantique, un four à pain communal rallume la flamme du vivre-ensemble. À Massérac, où la dernière boulangerie a fermé ses portes en 2023, des habitants ont bâti de leurs mains un four traditionnel.

Aujourd’hui, il fait lever bien plus que du pain : il fait renaître la convivialité villageoise.

À retenir :

  • Un four à pain construit par des bénévoles pour 10 000 € seulement.
  • Des fournées mensuelles fédérant les habitants.
  • Un symbole fort de résilience face à la désertification rurale.

Massérac, un village durement touché par la désertification commerciale

Massérac, 670 habitants, a vu disparaître un à un ses commerces : boucherie, épicerie, coiffeur, puis boulangerie. Selon l’Insee, 62 % des communes françaises n’ont plus aucun commerce. Une tendance qui illustre l’isolement croissant des zones rurales.

“On perd bien plus qu’un commerce : on perd un lieu de rencontre.”

Marie, habitante du bourg depuis trente ans

Selon Le Figaro, le village représente un cas typique de déséquilibre territorial où la vie quotidienne devient plus contraignante et moins sociale.

La naissance d’un four à pain citoyen et solidaire

En 2020, l’association Les Fours de Massérac a imaginé un projet inédit : construire un four à pain communal. Trente bénévoles se sont mobilisés pour réaliser l’ouvrage à partir de matériaux de récupération : granit d’un ancien pont, ardoises offertes par un artisan local.

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Selon la Banque des Territoires, le coût du chantier s’est limité à 10 000 €, soit cinq fois moins qu’un projet classique. Ce four, inauguré en juin 2022, est devenu le symbole d’un esprit de communauté retrouvé.

“Nous voulions un projet fédérateur, pour travailler et partager ensemble.”

Fabrice

Des fournées mensuelles qui recréent du lien social

Chaque premier dimanche du mois, le four communal s’anime. La pâte, préparée par la boulangerie Aurore et Steeve de Beslé-sur-Vilaine, est cuite au feu de bois par les bénévoles. Le pain est vendu 3 € sur réservation.

“Tout est parti en quelques minutes. On sentait une vraie ferveur, comme si le village revivait.”

Le président de l’association

Selon Ouest-France, ces journées attirent des habitants de communes voisines, transformant la cuisson du pain en événement social et économique local.

Tableau : les étapes du four communal de Massérac

ÉtapeParticipantsDescription
Préparation de la pâteBoulangerie partenairePréparation de la pâte la veille
Allumage du fourBénévolesAllumage 3 h avant la cuisson
CuissonHabitants formésCuisson au feu de bois
VenteAssociationPain vendu 3 € sur réservation
AnimationMarchands locauxMarché, food-trucks, musique

Un lieu de convivialité et de dynamisme rural

Situé près de la salle polyvalente, le four s’intègre dans une stratégie de revitalisation du centre-bourg. Des food-trucks, producteurs locaux et animations accompagnent chaque fournée. La mairie, installée dans l’ancien presbytère, complète ce nouvel espace de vie.

“Quand le four s’allume, c’est tout le village qui s’éveille.”

Hélène, bénévole de l’association

Selon l’Association des maires ruraux de France, ces projets renforcent la cohésion sociale et stimulent l’économie de proximité.

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Une initiative bretonne qui inspire d’autres villages

L’expérience de Massérac inspire d’autres territoires. À Vébron (Lozère) et à Tours-en-Savoie, des fours collectifs et solidaires émergent à leur tour. Ces initiatives allient patrimoine, écologie et entraide locale.

Le village breton restaure aussi 25 fours anciens, véritables témoins de son passé. “C’est notre façon à nous de préserver la mémoire du village”, raconte Thierry Perrin.

Selon Resolis, ce type de projets collectifs répond à un besoin fondamental : maintenir un lieu d’échange et un accès aux produits essentiels dans les zones rurales.

Le four communal, remède partiel à la crise du commerce rural

Malgré son succès, Massérac reste confronté à la fragilité du commerce rural. L’exode des jeunes, la domination des grandes surfaces et l’essor du e-commerce aggravent la situation.

Selon Le Progrès, 72 % des achats des Français se font aujourd’hui en zones commerciales. Les artisans boulangers peinent à survivre dans les villages, faute de repreneurs.

Le four communal n’a pas vocation à remplacer une boulangerie ; il redonne simplement du sens et du lien à un rituel quotidien : le pain partagé.

Une vision politique et humaine de la ruralité

Fabrice Sanchez, maire depuis 1995, défend une ruralité active et autonome. “Nous devons redonner du pouvoir aux territoires et faire confiance à ceux qui y vivent”, insiste-t-il.

“Ce four est une bouffée d’air, pour une bouchée de pain.”

Le projet de Massérac montre qu’une commune, même modeste, peut réinventer son avenir grâce à la solidarité et à l’imagination de ses habitants.

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