Depuis plusieurs années, Nantes Métropole s’impose comme un modèle national de sobriété énergétique et de protection de la biodiversité nocturne. En repensant son éclairage public, la collectivité conjugue innovation, écologie et économies durables.
Selon l’Office français de la biodiversité, la pollution lumineuse perturbe 28 % des vertébrés et 64 % des invertébrés nocturnes. Face à cette menace, la métropole agit pour réconcilier lumière et nature.
À retenir :
- 60 % d’économies d’énergie sur l’éclairage public depuis 2014
- Extinction étendue de 23 h à 6 h dans 22 communes sur 24
- Une trame noire pour protéger la biodiversité nocturne
Une politique d’éclairage public guidée par la sobriété énergétique
Dès 2014, Nantes Métropole a lancé un plan de réduction de la consommation d’électricité pour l’éclairage public. En dix ans, la consommation annuelle est passée de 49 GWh à 30 GWh, avec un objectif fixé à 18 GWh en 2027.
Selon la Banque des Territoires, cette trajectoire représente une baisse de plus de 60 % en une décennie.
Une modernisation complète vers la LED d’ici 2026
Le territoire compte aujourd’hui près de 95 000 points lumineux, dont plus de la moitié sont déjà équipés de LED. D’ici 2026, 100 % du parc sera modernisé, permettant de diviser la consommation électrique par deux.
« Nous avons prouvé qu’un éclairage efficace peut aussi être respectueux de l’environnement. »
Un technicien métropolitain
Extinction nocturne et biodiversité : un équilibre entre économie et écologie
L’extinction partielle de l’éclairage public figure parmi les leviers majeurs du plan de sobriété. Initialement fixée entre 0 h 30 et 5 h 30, elle a été étendue de 23 h à 6 h depuis 2022.
Selon Ouest-France, 22 communes sur 24 pratiquent aujourd’hui cette coupure nocturne, générant 200 000 € d’économies et une réduction annuelle de 1,5 GWh.
Une acceptation progressive des habitants
Seuls les grands axes et zones d’activités restent éclairés pour des raisons de sécurité. Dans mon quartier à Rezé, l’adaptation n’a pas été immédiate, mais les habitants reconnaissent désormais une meilleure visibilité du ciel étoilé et une ambiance nocturne apaisée.
Une trame noire pour préserver la biodiversité nocturne à Nantes
Avec l’appui du Cerema, la métropole a cartographié une trame noire, réseau d’obscurité nécessaire à la circulation des espèces nocturnes.
Selon cette étude, sur 975 hectares à urbaniser, 413 hectares se situent dans la trame noire, zones où des aménagements spécifiques doivent limiter la pollution lumineuse.
Des LED à température de couleur adaptée
L’arrêté du 27 décembre 2018 fixe la température maximale à 3 000 K pour les éclairages extérieurs. Mais les experts recommandent de descendre vers 2 000 K, voire 1 800 K pour les LED ambrées.
Selon Lightzoom Lumière, ces teintes chaudes réduisent le stress lumineux des insectes et oiseaux.
J’ai pu observer au ruisseau des Sourdes, à Port Boyer, un test d’éclairage rouge : une expérience étonnante et paisible qui démontre qu’un autre type de lumière est possible.
Vallée du Cens : un laboratoire de l’éclairage public durable
La Vallée du Cens illustre parfaitement la démarche expérimentale de Nantes Métropole. Dès 2024, de nouveaux lampadaires LED à intensité réduite seront installés avec extinction complète entre 19 h 30 et 7 h.
Selon le biogéographe Laurent Godet, cette initiative permettra d’étudier les effets de la lumière sur le chant des oiseaux et les comportements nocturnes.
Un habitant témoigne :
« On redécouvre le silence et la vie sauvage. Les nuits sont redevenues vivantes. »
Tableau : évolution de la consommation d’éclairage public à Nantes Métropole
| Année | Pourcentage de LED | Consommation (GWh) | Objectif principal |
|---|---|---|---|
| 2014 | 13 % | 49 GWh | Lancement du plan de sobriété |
| 2019 | 30 % | 38 GWh | Accélération de la modernisation |
| 2025 | 50 % | 30 GWh | Extinction élargie et innovation |
| 2027 | 100 % | 18 GWh | Objectif final : neutralité énergétique |
Fin des luminaires boules et investissements pour un éclairage plus vert
L’arrêté de 2018 impose la suppression des luminaires boules avant 2025, ces dispositifs diffusant plus de 50 % de la lumière vers le ciel.
Pour soutenir cette mutation, Nantes Métropole a obtenu un prêt de 25 M€ à 0,75 % de la Banque des Territoires, complété par 800 000 € du Fonds Vert et 300 000 € du plan Lum’acte de la FNCCR.
Selon Smart City Mag, cet investissement garantit à la fois sobriété énergétique et réduction durable de la pollution lumineuse.
Le Conseil de la Nuit : une démarche participative au cœur du projet
Créé en 2017, le Conseil de la Nuit réunit citoyens, experts et élus pour co-construire les politiques d’éclairage.
Selon la métropole, ces ateliers renforcent l’adhésion citoyenne et permettent d’aborder la sécurité, la tranquillité ou les mobilités nocturnes.
J’ai assisté à l’un de ces échanges : les débats entre habitants, urbanistes et écologues montrent à quel point la concertation est essentielle pour réussir la transition lumineuse.
Nantes, capitale française de la biodiversité 2024
En septembre 2024, Nantes a été sacrée « Capitale française de la biodiversité » dans la catégorie des grandes villes.
Selon Batiactu, ce prix récompense une stratégie exemplaire alliant réduction de la consommation, préservation des milieux naturels et innovation technologique.
« La nuit retrouve sa place dans l’écosystème urbain. »
Une urbaniste nantaise engagée dans le programme