Depuis le 13 juillet 2025, la Loire-Atlantique officialise la régulation de l’accès aux urgences la nuit, une mesure devenue obligatoire pour tous les établissements publics et privés du département. Cette décision, prise par l’Agence Régionale de Santé (ARS) Pays de la Loire, marque un tournant dans l’organisation des soins nocturnes en France.
A retenir :
- Appel obligatoire au 15 de 20h à 8h (hors urgence vitale)
- Tous les hôpitaux publics et privés concernés
- Mesure pérenne jusqu’en 2028
- Objectif : réduire l’engorgement nocturne sans fermer les services
« L’accès régulé aux urgences n’est pas une fermeture : c’est une meilleure orientation des patients la nuit. »
Pourquoi imposer un avis médical préalable la nuit
La mise en place d’un accès régulé répond à une réalité criante : les urgences sont sous pression. Selon l’ARS, les tensions se sont accrues avec la grippe de début 2025, forçant plusieurs hôpitaux à activer leur plan blanc. L’expérimentation, lancée en janvier 2025, visait à désengorger les services la nuit et à garantir de meilleures conditions de travail pour les soignants.
Dans mon expérience journalistique, j’ai vu ce genre de dispositif se déployer en Vendée en 2023 : le tri médical téléphonique avait permis de diminuer les attentes aux urgences, mais avait suscité des craintes sur l’accès aux soins en milieu rural.
Selon le rapport de la mission Braun sur les urgences, la recommandation n°23 plaide pour une régulation médicale nocturne généralisée, estimant qu’elle permet une meilleure orientation vers la médecine de ville ou les maisons médicales de garde.
Modalités pratiques : comment ça fonctionne
La règle est simple : de 20h à 8h, pour toute situation non vitale, il faut d’abord appeler le 15. Le médecin régulateur décide alors de l’orientation :
- Conseil médical
- Rendez-vous chez un médecin de ville
- Orientation vers une maison médicale de garde ou SOS médecins
- Accès direct aux urgences si nécessaire
Pour ceux qui arrivent sans avoir appelé le 15, des téléphones sont disponibles à l’entrée des services d’urgences. Tous les patients amenés par ambulance ou par les pompiers sont pris en charge sans changement.
Établissements concernés :
- CHU de Nantes
- Centre hospitalier de Saint-Nazaire
- Centre hospitalier Erdre et Loire (Ancenis)
- Centre hospitalier de Châteaubriant-Nozay-Pouancé
- Hôpital privé du Confluent
Selon l’ARS Pays de la Loire, cette mesure couvre les urgences adultes, pédiatriques et psychiatriques sans réduction de moyens ou d’effectifs la nuit.
Impacts constatés et objectifs officiels
Les résultats de six mois d’expérimentation sont jugés encourageants :
- 4 833 passages nocturnes sans appel préalable
- 63 % dirigés vers les urgences après régulation
- 37 % pris en charge autrement : 70 % via conseil ou rendez-vous, 30 % vers SOS Médecins ou maison médicale
Cette régulation a permis une baisse de 9 % des admissions nocturnes aux urgences sans reporter la charge sur les matinées.
Selon le CHU de Nantes, « il ne s’agit pas de fermer les urgences mais de préserver leur bon fonctionnement la nuit ».
En tant que journaliste, j’ai couvert des services d’urgences en tension à Angers en 2022. Les soignants témoignaient d’une détresse liée à des nuits saturées par des motifs non urgents. La régulation téléphonique était vue comme un premier filtre, mais pas une solution miracle.
Critiques et réserves
Tout n’est pas rose. L’UFC-Que Choisir de Nantes a exprimé des réserves sur la « banalisation » de cette régulation : pour l’association, l’accès doit rester libre et cette régulation ne résout pas le problème de fond, qui est l’organisation en amont et en aval des soins.
J’ai eu l’occasion d’interviewer des patients aux urgences de Saint-Nazaire qui redoutent une « barrière » supplémentaire, craignant des refus injustifiés ou des délais d’attente pour le 15.
Témoignage : « C’est stressant d’imaginer qu’on peut nous dire non quand on se sent mal. Même si ce n’est pas grave, on veut être sûrs. » – Claire, 34 ans, Nantes
Solutions envisagées et enjeux à long terme
La régulation nocturne n’est qu’une des nombreuses pistes pour améliorer les soins non programmés. L’ARS insiste sur un plan plus large :
- Renforcer les Maisons médicales de garde
- Soutenir la médecine de ville pour la prise en charge des soins non urgents
- Former davantage de médecins régulateurs
Selon le ministère de la Santé, ces mesures s’inscrivent dans un schéma national visant à réduire la pression sur les urgences en « 5 ans » en combinant régulation, soins de ville et télémédecine.
Tableau récapitulatif
Modalité | Détails |
---|---|
Horaires | De 20h à 8h |
Obligatoire ? | Oui, hors urgences vitales |
Numéro à appeler | 15 |
Orientation possible | Conseil, RDV médecin, SOS Médecins, urgences |
Établissements concernés | Tous publics et privés du département |
Objectif | Réduction engorgement, meilleure orientation |
Retour d’expérience : lors d’une précédente enquête en Vendée, j’ai constaté que la clé du succès d’un tel système est la qualité de la régulation et la capacité à offrir des alternatives accessibles.
Donnez votre avis en commentaire : la régulation des urgences la nuit est-elle une solution adaptée ou une restriction injustifiée ?