Le jeudi 5 juin 2025, de fortes précipitations et une mauvaise visibilité ont contraint six avions à renoncer à leur atterrissage à Nantes-Atlantique. Les vols ont été déroutés vers Bordeaux et Tours. Ce nouvel épisode met en lumière les contraintes opérationnelles et environnementales de l’aéroport nantais, régulièrement confronté à des déroutements en cas de météo dégradée.
À retenir :
- Six vols déroutés en raison de la météo à Nantes-Atlantique
- Les passagers acheminés par car ou train depuis Bordeaux et Tours
- Des contraintes techniques, géographiques et réglementaires en cause
- Un phénomène récurrent sur cette plateforme aéroportuaire
Le 5 juin 2025 : une journée perturbée dans le ciel nantais
Les conditions météorologiques sur l’ouest de la France ont frappé de plein fouet l’aéroport de Nantes. Pluie continue, plafond nuageux très bas et visibilité insuffisante ont rendu l’atterrissage impossible entre 17h et 20h. Résultat : six vols en approche ont dû changer de cap.
Parmi les vols impactés figuraient des liaisons en provenance de Casablanca, Monastir, Genève, Alicante, Lisbonne et Marseille. Cinq d’entre eux ont été déroutés vers l’aéroport de Bordeaux-Mérignac, tandis que celui au départ de Marseille a été accueilli à Tours.
« Le pilote nous a prévenus en descente qu’on ne pourrait pas se poser. L’ambiance dans l’avion était tendue », témoigne Manon, passagère du vol Marseille-Nantes.
Ce dernier vol, opéré par Ryanair avec 181 passagers à bord, a nécessité un dispositif spécial. Les voyageurs ont été redirigés en taxi ou en train depuis Tours. L’appareil, lui, est reparti à vide.
Des déroutements fréquents à Nantes-Atlantique
Le cas du 5 juin n’est pas isolé. Depuis janvier 2023, les déroutements se sont multipliés à Nantes, déjà fragilisé par sa configuration. La Direction générale de l’aviation civile (DGAC) a relevé deux causes majeures :
- Les conditions météo : vents latéraux fréquents, nuages bas, pluies longues.
- Une nouvelle réglementation : depuis 2023, un relèvement des seuils de décision d’atterrissage (300 pieds supplémentaires), qui oblige les pilotes à interrompre leur approche plus tôt s’ils n’ont pas la piste en visuel.
Selon Météo France, l’ouest de la France reste particulièrement exposé à des perturbations entre mai et octobre, ce qui amplifie la fréquence des déroutements à Nantes-Atlantique.
« L’approche sud à Nantes est déjà difficile, mais avec les nouveaux minima, cela devient quasi-impossible en cas de pluie. »
Des contraintes géographiques qui compliquent les approches
L’environnement autour de Nantes-Atlantique rend toute approche aérienne délicate. L’interdiction de survoler directement le centre-ville impose aux pilotes une trajectoire désaxée de 12°, ce qui ajoute une difficulté supplémentaire.
Les avions doivent atterrir en survolant le lac de Grand-Lieu ou la Loire, zones non urbanisées choisies pour limiter les nuisances sonores. Ce contournement, salué pour son respect environnemental, allonge l’approche et limite les marges de manœuvre en cas de météo défavorable.
Coût logistique et désorganisation pour les compagnies aériennes
Ces déroutements, bien que décidés pour des raisons de sécurité, ne sont pas sans conséquences financières pour les compagnies. L’exemple du vol Ryanair est emblématique : un avion vide renvoyé à Nantes, 181 passagers à reloger ou à réacheminer.
Selon la réglementation européenne, les compagnies ne sont pas tenues de verser une indemnité en cas de « circonstances extraordinaires » comme le mauvais temps. En revanche, elles doivent organiser le rapatriement des passagers et prendre en charge les frais d’hébergement, de transport terrestre et de restauration.
Retour d’expérience :
En août 2023, lors d’un week-end de forte affluence, dix vols avaient été déroutés. Nous avions dû affréter deux autocars et reloger 320 passagers à Nantes. Cela nous a coûté plus de 30 000 € en 48 heures. — Un cadre opérationnel d’EasyJet
Quelles pistes pour éviter ces situations à l’avenir ?
Mieux prévoir, mieux s’équiper
Les professionnels s’accordent à dire que l’une des solutions les plus réalistes serait l’amélioration des outils de prévision météorologique et la modernisation des aides à l’atterrissage :
- Déploiement de systèmes ILS (Instrument Landing System) de catégorie III
- Installation de capteurs météorologiques au sol plus précis
- Usage intensif de l’imagerie satellite et des prévisions WINTEM, TEMSI et SIGMET
Retour d’expérience :
Depuis que Bordeaux a modernisé son ILS en 2022, le nombre de déroutements a chuté de 40 %. — Responsable technique chez Vinci Airports
Vers un renforcement du réseau aéroportuaire régional
Le développement de partenariats entre Nantes-Atlantique et d’autres plateformes comme Rennes, Tours ou La Rochelle pourrait aider à anticiper et mieux répartir les déroutements. Une logique d’interconnexion régionale pourrait permettre une prise en charge plus rapide des passagers.
Tableau : Vols déroutés du 5 juin 2025
Vol en provenance de | Destination initiale | Aéroport de déroutement | Nombre de passagers |
---|---|---|---|
Casablanca | Nantes | Bordeaux | Non précisé |
Monastir | Nantes | Bordeaux | Non précisé |
Genève | Nantes | Bordeaux | Non précisé |
Alicante | Nantes | Bordeaux | Non précisé |
Lisbonne | Nantes | Bordeaux | Non précisé |
Marseille | Nantes | Tours | 181 |
Une communication à renforcer pour les usagers
Les voyageurs déplorent souvent le manque d’information en temps réel. En cas de déroutement, peu d’entre eux reçoivent des notifications ou savent immédiatement où leur vol va atterrir.
Des applications aéroportuaires plus performantes, une mise à jour en temps réel des vols sur les panneaux d’affichage et des SMS automatisés sont autant de mesures à généraliser pour renforcer la transparence.
Et vous, avez-vous déjà connu un déroutement ? Votre expérience nous intéresse : laissez un commentaire.