L’expérimentation de la consigne en verre, lancée à l’été 2025 dans quatre régions pilotes, a marqué un tournant dans la politique de réemploi en France. À Vertou, près de Nantes, le Super U a été l’un des premiers magasins à tester ce dispositif.
Cinq mois plus tard, le bilan reste discret, mais les signaux sont encourageants pour la suite.
A retenir :
- Une expérimentation progressive depuis juin 2025.
- Une offre encore limitée en produits consignés.
- Des bénéfices environnementaux mesurables.
- Une forte adhésion des consommateurs.
- Des défis industriels à relever pour 2027.
Une montée en puissance progressive dans les magasins pilotes
Le dispositif de consigne en verre a été lancé le 12 juin 2025 dans 80 magasins avant de s’étendre à près de 300 points de vente à la fin de l’été. L’objectif est ambitieux : atteindre 750 magasins à l’échelle nationale d’ici fin 2025. Super U Vertou fait partie de ces pionniers dans le Vignoble nantais. Selon Citeo, cette première vague a permis d’atteindre un bassin potentiel de 16 millions d’habitants dans les régions Bretagne, Pays de la Loire, Normandie et Hauts-de-France.
Le principe est simple : lors de l’achat d’un produit consigné, le consommateur verse une caution de 10 centimes pour les petits formats et 20 centimes pour les grands. En rapportant l’emballage vide dans une borne automatique, il récupère cette consigne en espèces ou sous forme de bon d’achat.
« J’ai retrouvé les habitudes de mon enfance avec la consigne. C’est rapide, et je sais que je fais un geste utile. »
Une cliente croisée à la sortie du Super U de Vertou
Une offre de produits encore trop limitée pour séduire massivement
Au démarrage, seules huit références de produits étaient disponibles à Vertou, principalement des jus de fruits et des soupes de la marque U. Citeo vise une cinquantaine de références d’ici fin 2025, mais ce rythme progressif reste un frein à l’adoption massive.
Selon L’Info Durable, la filière vise à mettre 55 millions d’emballages réemployables en circulation sur 18 mois, dont 30 millions dès 2025. Huit grands distributeurs et plus de 50 industriels, notamment des brasseurs, ont rejoint cette initiative nationale.
| Élément clé de l’expérimentation | Chiffres prévus fin 2025 |
|---|---|
| Magasins participants | 750 |
| Références produits consignés | 50 |
| Emballages réemployables | 30 millions |
| Taux de retour attendu | 70 % minimum |
Un levier environnemental fort et mesurable pour la filière verre
Le retour de la consigne répond à une ambition environnementale claire. Selon Citeo, une bouteille en verre peut être réutilisée jusqu’à 50 fois, réduisant ainsi de 85 % les émissions de gaz à effet de serre par rapport au jetable. L’économie d’eau atteint 51 %, et celle d’énergie 76 % par rapport au recyclage classique.
Les bouteilles collectées dans la région nantaise sont envoyées à Bout’ à Bout’, à Carquefou, qui abrite la plus grande usine de lavage multi-contenants en verre de France. Cette filière locale limite les transports et renforce la cohérence écologique du dispositif.
Selon Zero Waste France, le réemploi du verre est « une solution structurelle pour réduire les déchets à la source » et éviter des millions de tonnes de CO₂ chaque année.
Une adhésion des consommateurs globalement très favorable
Si les chiffres précis de Vertou n’ont pas été publiés, les premiers retours sont positifs. De nombreux consommateurs y voient une démarche simple et cohérente avec leurs valeurs. Selon un sondage Ipsos, 92 % des Français se disent favorables au retour de la consigne, et 57 % très favorables.
Un habitant du centre-ville de Vertou résume son ressenti : « Ce n’est pas contraignant. Le plus dur, c’est de penser à ramener les bouteilles. Mais une fois l’habitude prise, ça devient naturel. »
Les motivations principales citées par les clients sont :
- Le geste écologique concret.
- La simplicité du système.
- La nostalgie du système historique de consigne.
Des défis logistiques et industriels à surmonter d’ici 2027
Malgré cette adhésion, plusieurs obstacles freinent l’expérimentation. D’une part, l’offre limitée réduit l’impact réel du dispositif. D’autre part, certains industriels tardent à basculer vers le réemploi. Selon Le Monde, la réussite dépendra de la capacité à massifier l’usage, à rendre la consigne visible et pratique dans le quotidien des Français.
Jean Hornain, directeur général de Citeo, a rappelé que pour atteindre les objectifs fixés par la loi Agec, il faudra que 10 % des emballages soient réemployés d’ici 2027. Cela suppose une mobilisation forte de l’ensemble de la chaîne : producteurs, distributeurs et consommateurs.
Une généralisation nationale envisagée si les résultats sont probants
Si les résultats sont concluants dans les quatre régions pilotes, le système pourrait être généralisé à l’ensemble du territoire français dès 2027. Cette étape s’inscrit dans une volonté plus large de réindustrialiser la filière du réemploi et de renforcer la souveraineté nationale dans la gestion des déchets.
Selon Linfodurable, « la consigne n’est pas une nostalgie : c’est une solution moderne et efficace ». Les mois à venir seront déterminants pour ajuster la logistique, étoffer l’offre et améliorer l’expérience client dans les points de collecte.