L’histoire des relations entre la Bretagne et l’Angleterre fascine, intrigue et nourrit de nombreux débats.
Poser la question « est-ce que la Bretagne a été anglaise ? » oblige à plonger dans un passé complexe, où se mêlent alliances matrimoniales, conflits armés, stratégies diplomatiques et rivalités féodales.
À retenir
- La Bretagne n’a jamais été intégrée au royaume d’Angleterre, mais a connu plusieurs périodes de forte influence anglaise.
- Les dynasties plantagenêtes et la guerre de Succession de Bretagne ont renforcé la présence anglaise.
- La fusion définitive avec la France en 1532 a mis fin aux ambitions anglaises.
Les confusions entre Bretagne française et Grande-Bretagne
« La précision des termes est le premier pas vers la compréhension historique. »
Jean Morel, historien médiéviste
L’origine du mot Bretagne remonte à la Rome antique où « Britannia » désignait l’actuelle Grande-Bretagne. Cette homonymie nourrit des confusions jusqu’au Moyen Âge. Au IXe siècle, l’installation des Bretons en Armorique donne naissance à une Petite Bretagne.
Dès l’an 1000, on distingue la Grande-Bretagne (l’île britannique) de la Bretagne continentale. Cette dualité terminologique crée une ambiguïté persistante dans les textes médiévaux, où seule la lecture contextuelle permet de savoir de quel territoire il est question.
L’influence des Plantagenêts : quand l’Angleterre contrôlait la Bretagne
« Le mariage est parfois la plus redoutable des armes politiques. »
Louise Perrin, chercheuse en géopolitique médiévale
Sous Henri II Plantagenêt, roi d’Angleterre, la Bretagne devient un enjeu stratégique. En 1166, Henri place son fils Geoffroy à la tête du duché en l’unissant à Constance de Bretagne. Cette alliance féodale permet aux Plantagenêts de prendre le contrôle du territoire tout en respectant les apparences juridiques.
Mais cette hégémonie reste fragile. La mort prématurée de Geoffroy relance les tensions. Leur fils, Arthur de Bretagne, devient un symbole d’indépendance, son prénom évoquant le roi mythique celtique. Constance gouverne en son nom et défend l’autonomie du duché face aux ambitions anglaises.
La guerre de Succession de Bretagne : apogée de l’affrontement franco-anglais
« L’équilibre des puissances naît souvent du chaos des successions. »
Pierre Lemoine, spécialiste des conflits dynastiques
Entre 1341 et 1364, la guerre de Succession de Bretagne oppose Jeanne de Penthièvre, soutenue par la France, à Jean de Montfort, appuyé par l’Angleterre. Ce conflit s’inscrit dans le contexte plus large de la guerre de Cent Ans.
Édouard III d’Angleterre débarque à Brest et installe des garnisons sur la côte bretonne. La Bretagne devient alors partiellement occupée par l’Angleterre. Le parti pro-anglais, conduit par Jeanne de Flandre, résiste vigoureusement.
Tableau des événements majeurs de la guerre de Succession de Bretagne
Année | Événement |
---|---|
1341 | Début de la guerre de Succession |
1342 | Intervention militaire anglaise à Brest |
1345 | Mort de Jean de Montfort, poursuite du conflit |
1364 | Victoire de Jean IV à la bataille d’Auray |
1365 | Premier traité de Guérande, régularisation du duché |
Le traité de Guérande confirme l’autonomie du duché sous influence anglaise mais avec un statut distinct.
Les migrations bretonnes et l’aristocratie anglo-bretonne
« Les frontières sont poreuses lorsque la mer devient un pont. »
Albert Drouin, géographe historique
Bien avant la conquête normande de 1066, les échanges entre Bretagne et Angleterre étaient intenses. Lors de la conquête, de nombreux Bretons participent sous la bannière de Guillaume de Normandie. En guise de récompense, ils obtiennent des terres outre-Manche.
Certains nobles bretons deviennent des piliers de l’aristocratie anglaise. Deux des signataires de la Grande Charte de 1215 étaient issus de familles bretonnes. Toutefois, au XIIIe siècle, les choix imposés par Philippe Auguste obligent les nobles à renoncer à une double fidélité.
Tableau des contributions bretonnes à l’aristocratie anglaise
Siècle | Contribution |
XIe | Conquête normande, implantation de seigneuries bretonnes |
XIIe | Mariages aristocratiques, consolidation des possessions |
XIIIe | Rupture progressive sous pression française |
Une autonomie politique maintenue malgré les influences
« L’art diplomatique consiste à danser sur le fil tendu des grandes puissances. »
Claire Joubert, politologue
Malgré la double pression française et anglaise, les ducs de Bretagne manœuvrent habilement pour conserver une large autonomie. Sous la dynastie des Montfort, les relations diplomatiques avec l’Angleterre restent actives.
Au XVe siècle, la Bretagne devient une puissance maritime stratégique. Des expéditions militaires, comme celle de Jean de Rieux au Pays de Galles, illustrent cette capacité à intervenir directement sur la scène européenne.
Tableau des instruments d’autonomie politique de la Bretagne
Mécanisme | Description |
Diplomatie active | Relations bilatérales avec la France et l’Angleterre |
Puissance navale | Interventions militaires outre-Manche |
Institutions locales | Parlement et États provinciaux forts |
L’union avec la France et la fin des ambitions anglaises
« L’union ne fut pas un choix mais une nécessité historique. »
Bernard Simon, spécialiste des monarchies européennes
Après plusieurs mariages stratégiques, notamment celui d’Anne de Bretagne avec deux rois successifs de France, le duché est officiellement rattaché à la couronne française en 1532. L’Angleterre perd alors tout espoir d’annexion.
Malgré cette union, la Bretagne conserve ses institutions propres jusqu’à la Révolution française. Toutefois, comme le note l’historien Eugen Weber, « les villes bretonnes furent envahies par des Français qui francisèrent les activités « . Certains contemporains parlaient même de « colonie ».
Et vous, que retenez-vous de cette histoire fascinante entre la Bretagne et l’Angleterre ? Partagez vos réflexions dans les commentaires !
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