Fauconnerie à Nantes-Atlantique : une arme naturelle contre les collisions aviaires

By Erwan

À Nantes-Atlantique, la sécurité aérienne s’envole avec les rapaces. Depuis 2017, l’aéroport mise sur la fauconnerie pour éloigner les oiseaux des pistes, une approche innovante et respectueuse de la biodiversité. Cette méthode unique en France a permis de réduire de moitié les collisions aviaires, un enjeu majeur pour les aéroports situés à proximité de zones naturelles sensibles.

À retenir :

  • Seul aéroport civil en France doté d’une fauconnerie
  • Réduction de 50 % des collisions aviaires depuis 2017
  • Une méthode non létale, écologique et complémentaire aux techniques classiques
  • Une réponse locale à un défi national de sécurité aérienne

Un risque aviaire amplifié par un environnement exceptionnel

Le lac de Grand-Lieu, une richesse… et un défi

Nantes-Atlantique n’est pas un aéroport comme les autres. Il est situé à moins de 10 kilomètres du lac de Grand-Lieu, deuxième réserve ornithologique de France. En hiver, ses 63 km² accueillent près de 300 espèces d’oiseaux, dont des oies cendrées, des spatules blanches ou des hérons. Autant de passagers à plumes… susceptibles de croiser la trajectoire des avions.

A lire également :  Quick rouvre à Nantes fin juillet : Giant, sundaes et nostalgie au menu

Ce contexte environnemental unique expose l’aéroport à une pression aviaire bien supérieure à la moyenne. Chaque jour, 120 avions décollent ou atterrissent, souvent au milieu d’un ballet naturel d’oiseaux.

« Le péril aviaire à Nantes, ce n’est pas un mythe. C’est un défi quotidien. » – Anthony Renaud, responsable de la fauconnerie

Collisions : une réalité encore trop fréquente

Selon la DGAC, environ 600 collisions aviaires sont recensées chaque année en France. Si elles sont rarement graves, certaines peuvent endommager les moteurs ou les ailes. À Nantes, on enregistrait une vingtaine de collisions par an avant 2017. C’est beaucoup, et ça pouvait coûter cher : en réparation, en sécurité, en retards.

Une réponse innovante : le retour des fauconniers

Une équipe dédiée, des rapaces entraînés

Depuis 2017, l’aéroport de Nantes-Atlantique a confié la surveillance des pistes à une équipe de fauconniers professionnels, dirigée par Anthony Renaud. Le groupe est composé de 21 personnes, dont 5 fauconniers, mobilisés chaque jour entre le lever et le coucher du soleil.

Côté ciel, ce sont 4 buses de Harris et 1 faucon sacre qui assurent les patrouilles. Ces oiseaux sont choisis pour leur capacité d’adaptation à l’environnement bruyant et vaste d’un aéroport. Chaque matin, on les pèse – entre 950 et 1 000 g – pour garantir leur motivation et leur efficacité.

« Le rapace n’attaque pas. Il survole. Et les autres fuient. C’est instinctif. » – Claire, apprentie fauconnière sur site.

Une méthode fondée sur la peur du prédateur

Le principe est simple et ancestral : l’effarouchement par la peur. Les oiseaux sauvages identifient rapidement les rapaces comme des menaces. En les voyant voler régulièrement, ils apprennent à éviter l’espace aérien de l’aéroport. Résultat : les oiseaux changent leurs habitudes, et les avions peuvent circuler plus sereinement.

A lire également :  Hellfest 2025, programmation : Iron Maiden, Korn, Powerwolf prévu aux-mêmes date à un festival belge

En cas de pluie, les fauconniers sèchent même les plumes de leurs partenaires à l’aide de sèche-cheveux branchés sur l’allume-cigare des véhicules. Une attention qui témoigne du lien fort entre l’homme et l’animal.

Des résultats mesurables et une méthode écologique

Des chiffres qui parlent

Selon l’aéroport, le nombre de collisions a été divisé par deux depuis la mise en place de la fauconnerie. En 2024, seulement 12 incidents ont été enregistrés contre plus de 20 avant 2017. Ce chiffre place Nantes parmi les meilleurs aéroports français en matière de gestion du risque animalier.

AnnéeCollisions aviaires à NantesMoyenne nationale (pour 10 000 vols)
Avant 2017≈ 20≈ 5
En 202412≈ 3

Complémentarité avec les autres moyens

La fauconnerie ne remplace pas les dispositifs traditionnels, elle les renforce. Haut-parleurs avec cris de détresse, pistolets à fusée sonore, etc., restent utilisés, mais leur efficacité est renforcée par la présence des rapaces, ce qui limite l’accoutumance.

« Quand on voit les buses arriver, les mouettes ne cherchent même pas à comprendre. Elles partent. » – Alain, contrôleur piste

Une méthode respectueuse, inspirante et durable

Non létale et intégrée à la biodiversité

Contrairement à certaines méthodes qui impliquent des captures ou prélèvements, la fauconnerie est non létale. Les oiseaux ne sont pas tués : ils fuient, tout simplement. Nantes-Atlantique a d’ailleurs mis en place un plan de gestion de la biodiversité, intégrant 158 hectares d’espaces naturels, avec plus de 100 espèces d’oiseaux recensées.

Une inspiration pour d’autres aéroports

L’aéroport de Beauvais a récemment adopté ce modèle. Cette généralisation progressive montre que la solution nantaise fait école. Toutefois, la fauconnerie reste rare, car elle demande des compétences spécifiques, une passion pour les animaux et un engagement quotidien.

A lire également :  Carte de vœux 2025 par SMS

Témoignage :

« On parle souvent d’IA et de drones, mais rien ne vaut le vivant. Le vrai. » – Anthony Renaud, effaroucheur principal

L’humain et le vivant face à l’automatisation

Malgré l’intérêt croissant pour les drones et les systèmes automatisés, les fauconniers de Nantes défendent leur métier. L’intelligence naturelle, celle de l’oiseau et de l’homme, reste irremplaçable dans cet environnement à haut risque.

Selon une étude allemande, 1,6 million d’euros ont été investis dans des « robots-faucons », mais leur déploiement reste expérimental.

Un modèle à suivre

Nantes-Atlantique démontre que sécurité aérienne et respect de la biodiversité ne sont pas incompatibles. Grâce à la fauconnerie, l’aéroport a trouvé un équilibre innovant entre nature et technologie. Un exemple qui pourrait inspirer bien au-delà du tarmac.

Donnez votre avis en commentaire : pensez-vous que cette méthode devrait se généraliser à tous les aéroports de France ?

Laisser un commentaire