Le FC Nantes fait face à une crise sans précédent dans sa stratégie sportive. Alors que le club lutte pour se maintenir en Ligue 1, son recrutement apparaît totalement dépassé.
Sans data analyst et avec des moyens humains réduits, la cellule de recrutement des Canaris semble incapable de répondre aux exigences du football moderne.
À retenir :
- Une cellule de recrutement réduite à deux personnes.
- Aucun usage de la data pour repérer et évaluer les joueurs.
- Un mercato 2025 raté et un avenir sportif préoccupant.
Une cellule de recrutement du FC Nantes sous-dimensionnée
L’organisation actuelle du FC Nantes repose sur une structure minimaliste. Selon L’Équipe, seuls Baptiste Drouet, responsable du recrutement, et Alexandre Ambroziewicz, recruteur basé à Lille, composent la cellule. Les décisions sont ensuite validées par Franck Kita et Luis Castro.
Ce dispositif paraît largement en dessous des standards de la Ligue 1. La plupart des clubs disposent de plusieurs scouts régionaux, d’analystes vidéo et de data scientists. Cette faiblesse structurelle limite la capacité du FCN à identifier des talents émergents et à anticiper les besoins de l’équipe.
« Nantes travaille encore à l’instinct, sans outils prédictifs ni département data. C’est un vrai handicap. »
Un ancien recruteur du club
Des méthodes de recrutement obsolètes à l’ère de la data
Le club continue de s’appuyer sur une approche “à l’ancienne”, basée sur la simple observation de matchs via Wyscout. Or, selon Ecofoot.fr, les clubs performants intègrent désormais des algorithmes de filtrage capables d’analyser plus de 10 000 profils joueurs selon des critères objectifs.
Baptiste Drouet, lors de son passage au FC Lorient, collaborait avec un data analyst qui transformait les statistiques en rapports détaillés. À Nantes, cette compétence fait cruellement défaut.
Selon FormationsFootball.fr, l’absence d’un data analyst empêche la détection fine des profils correspondant à la philosophie de jeu, et freine la modernisation du recrutement.
Un mercato estival 2025 raté et révélateur
L’été 2025 a mis en lumière les failles du système. Sur neuf recrues, seules quatre (Awaziem, El-Arabi, Mwanga et Kwon Hyeok-kyu) ont trouvé leur place dans le onze. Les autres se sont avérés décevants, à l’image d’Uros Radakovic, jugé trop lent pour le niveau Ligue 1.
Selon Foot Mercato, son recrutement s’est fait sur la base de vidéos uniquement, sans observation directe. Une erreur symptomatique d’une cellule de recrutement privée de moyens et d’expertise.
« Nous manquons de données précises pour valider les profils. C’est une chasse à l’aveugle. »
Un membre du staff nantais
Un FC Nantes étranglé par la crise budgétaire
Le budget du FC Nantes est passé de 80 à 50 millions d’euros entre 2024 et 2026. Cette chute vertigineuse, selon Le Monde, résulte de l’effondrement des droits TV. Waldemar Kita aurait dû injecter près de 40 millions d’euros pour maintenir le club à flot.
Les recruteurs ont donc dû composer avec une enveloppe transfert de 0 euro, misant sur des joueurs libres ou prêtés. Cette austérité fragilise la stratégie à long terme et accentue la dépendance aux opportunités de marché.
Des refus en série et une attractivité en berne
Les refus de joueurs se sont multipliés. Le poste de latéral gauche illustre cette perte de crédibilité : six cibles ont décliné l’offre nantaise, dont Neto Borges, parti à Bristol.
En défense centrale, les échecs se répètent : Egan-Riley, Hadjari et Djiku ont tous choisi d’autres destinations. Selon Score.fr, le FC Nantes est aujourd’hui perçu comme un club peu ambitieux, limité dans ses moyens et incapable de séduire.
L’absence de directeur sportif, un vide stratégique
Le FC Nantes fait partie des rares clubs français à fonctionner sans directeur sportif. Un choix délibéré de la famille Kita, qui préfère garder la main sur le recrutement.
Le départ de Philippe Mao en mai 2025 a encore fragilisé l’organigramme. Sans relais technique, la gestion du mercato repose sur un trio trop restreint, sans vision globale ni expertise analytique.
Selon Ouest-France, cette configuration empêche toute stratégie durable et rend le club vulnérable aux erreurs de casting.
Perspectives pour le mercato hivernal 2026
Le prochain mercato s’annonce crucial. Luis Castro a fixé trois priorités : un latéral gauche, un milieu défensif et un attaquant expérimenté. Mais le budget reste flou, avec un déficit estimé à 14 millions d’euros.
« Tant qu’on n’aura pas de data analyst, on continuera à courir après les mêmes profils que tout le monde, mais avec six mois de retard. »
Un scout du club
Tableau : comparaison des cellules de recrutement en Ligue 1
| Club | Recruteurs | Data analyst | Budget estimé |
|---|---|---|---|
| FC Nantes | 2 | Non | 0 € |
| Stade Brestois | 7 | Oui | 6 M€ |
| FC Lorient | 8 | Oui | 5 M€ |
| RC Strasbourg | 6 | Oui | 8 M€ |
| Lille OSC | 10 | Oui | 12 M€ |
Un témoignage alarmant et deux retours d’expérience
« On a beau aimer ce club, on ne peut pas ignorer son retard. Sans innovation, il s’éteindra », confie Thomas M., ancien recruteur amateur de Loire-Atlantique.
En 2022, j’ai visité le centre de performance de Lille : tout reposait sur la data. À Nantes, c’est encore l’intuition qui guide les choix. En 2024, un ancien analyste passé par Dijon m’avait expliqué comment l’IA leur permettait d’anticiper les performances physiques des recrues. Nantes, lui, reste figé dans une autre époque.
« Refuser la data, c’est refuser de progresser. Nantes est à contre-courant du football moderne. »
Julien Gauthier, consultant en data sportive
