Malgré une baisse des intentions d’embauche, France Travail alerte sur la persistance de fortes tensions dans l’emploi. En 2025, plus de 15 000 entreprises en difficulté de recrutement dans les Pays de la Loire font face à une inadéquation profonde entre offre et demande de travail.
A retenir :
- 57,6 % des entreprises rencontrent des difficultés à recruter malgré une baisse des projets d’embauche
- Les secteurs les plus touchés sont la construction, l’industrie, les services et l’agriculture
- Les PME sont particulièrement vulnérables
- Des tensions structurelles héritées d’un marché de l’emploi transformé
Un paradoxe inquiétant : moins d’embauches, mais plus de tensions
Selon France Travail, 168 000 projets de recrutement sont prévus dans la région en 2025, soit une baisse de 10,8 % par rapport à l’année précédente. Pourtant, plus d’une entreprise sur deux (57,6 %) peine à recruter, révélant un déséquilibre qui ne se résorbe pas malgré la contraction du marché de l’emploi.
La Loire-Atlantique concentre à elle seule 37,3 % des intentions d’embauche régionales et affiche un taux de tension supérieur à 58 %. Des bassins comme Ancenis ou Pornic atteignent même des sommets avec plus de 64 % de recrutements jugés difficiles.
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L’origine du problème : évolution historique et tensions durables
Depuis 2015, la région a connu une forte création d’emplois salariés (+200 000 postes) et un recul du chômage régional de plus de 3 points. Toutefois, cette dynamique a aussi engendré une intensité d’embauche élevée, générant une concurrence accrue pour des profils parfois rares.
Selon l’Insee, le taux de tension sur les projets de recrutement était de 37 % en 2015, contre 69 % en 2023. En 2025, ce chiffre redescend à 56,7 %, mais reste bien au-dessus des niveaux d’avant-crise.
Témoignage :
« Nous avons multiplié les annonces pour un poste de conducteur de bus, sans succès depuis trois mois. Les jeunes ne veulent plus de ces horaires. »
– Gaëlle F., DRH d’un transporteur en Vendée
Les secteurs les plus touchés : une crise protéiforme
Tableau des taux de tension par secteur en 2025
Secteur | Taux de tension (%) | Évolution depuis 2024 |
---|---|---|
Construction | 64,5 | -12,1 pts |
Industrie manufacturière | 57,8 | – |
Services aux particuliers | 57,4 | – |
Agriculture et agroalimentaire | 58,5 | +1,0 pt |
Construction : des métiers toujours désertés
Les métiers du bâtiment restent structurellement en tension. Malgré une baisse des intentions d’embauche, le manque de main-d’œuvre formée – notamment en plomberie, maçonnerie et électricité – continue d’handicaper la filière. Les conditions de travail pénibles et l’image dévalorisée du secteur en sont les principales causes.
Industrie : mutation numérique et guerre des talents
L’industrie du matériel de transport (aéronautique, naval) affiche un taux de tension de 69 %. Les entreprises peinent à recruter des profils qualifiés pour accompagner les transitions digitales et écologiques. Selon France Travail, ce secteur est emblématique d’un décalage croissant entre formation initiale et compétences requises.
Retour d’expérience :
« On reçoit des CV, mais peu de candidats sont opérationnels sur les machines que nous utilisons. Il faut systématiquement former, ce qui retarde nos projets. »
– Julien L., responsable d’atelier à Saint-Nazaire
Services : vieillissement démographique et explosion des besoins
Les métiers du soin, de l’aide à domicile, de l’entretien ou de la petite enfance connaissent une envolée des tensions. Par exemple, les difficultés de recrutement pour les infirmiers ont grimpé de 69 points depuis 2015. Le vieillissement de la population ligérienne accentue encore la pression sur ces secteurs.
Selon France Travail, 5 900 projets de recrutement en 2023 concernaient uniquement les aides ménagères et aides à domicile.
Agriculture : la saisonnalité au cœur du blocage
Avec 35 % de ses besoins en recrutement liés à des postes saisonniers, l’agriculture reste un secteur à part. Les bassins comme Clisson ou le Saumurois sont en première ligne. La pénibilité du travail, l’instabilité des contrats et la faible attractivité salariale freinent les candidatures.
Petites entreprises, grandes difficultés
Près de 60 % des intentions d’embauche dans la région viennent de TPE et PME. Mais ces structures disposent de moins de moyens pour recruter, moins de visibilité, et souffrent de la concurrence des grandes entreprises mieux dotées.
Retour d’expérience :
« Nous cherchons un employé polyvalent pour notre garage rural depuis six mois. C’est un casse-tête permanent. »
– Daniel R., artisan dans le Maine-et-Loire
Réagir face aux tensions : les pistes d’action
Face à l’alerte de France Travail, plusieurs dispositifs émergent :
- Le programme « 1 emploi = 1 formation », qui adapte les formations en temps réel aux besoins des entreprises
- Un soutien ciblé pour les secteurs en tension via des aides régionales
- La promotion de métiers dévalorisés auprès des jeunes
Mais ces leviers exigent une coordination entre acteurs publics, organismes de formation et employeurs. Le défi est d’autant plus pressant que les transitions écologiques et numériques redéfinissent la nature même des compétences attendues.
Une attractivité régionale en jeu
L’Apec prévoit une nouvelle baisse du recrutement cadre de 3 % en 2025 dans la région. Les services à forte valeur ajoutée, comme les métiers du numérique à Nantes, sont en perte de vitesse.
Selon France Travail, il faut maintenant « transformer cette période de tension en opportunité pour revoir les fondamentaux du marché de l’emploi local ».
« Les tensions de recrutement traduisent moins une pénurie de candidats qu’un échec collectif à articuler l’offre de formation, les attentes sociales et les besoins économiques. »
– Analyse d’un conseiller en stratégie emploi à Nantes
Et vous, constatez-vous aussi des tensions dans votre secteur ? Votre entreprise parvient-elle à recruter facilement ? Partagez votre expérience en commentaire.