Chaque 2 août, la République démocratique du Congo rend hommage aux millions de victimes des conflits liés à l’exploitation illégale de ses ressources. Cette Journée commémorative du génocide congolais, ou GENOCOST, cristallise douleurs, mémoires, et revendications de justice.
Instaurée en 2023 par le président Félix Tshisekedi, cette journée soulève de nombreuses questions : quelle reconnaissance internationale ? quelle mémoire collective ? Quels sont les enjeux actuels face aux violences qui persistent encore aujourd’hui ?
À retenir :
- Le GENOCOST souligne le lien entre exploitation économique et massacres de civils en RDC.
- Le 2 août commémore l’ouverture de la deuxième guerre du Congo en 1998.
- Des controverses persistent sur l’usage du terme “génocide” et sur l’action du gouvernement.
Un hommage chargé d’histoire : origines et symbolique du GENOCOST
Créée en 2023 avec l’appui du Congolese Action Youth Platform (CAYP), la Journée commémorative du génocide congolais marque un tournant dans la reconnaissance des souffrances du peuple congolais.
Le terme GENOCOST fusionne génocide et coût, pour évoquer l’idée de massacres motivés par des intérêts économiques. Selon Genocost.org, il s’agit d’une violence structurelle alimentée par le pillage des ressources naturelles de la RDC, notamment dans les provinces de l’Est.
« Nommer ces violences, c’est commencer à les comprendre et les affronter. »
Patrice Kabila, sociologue congolais
Le choix du 2 août n’est pas anodin. Il fait écho au déclenchement de la deuxième guerre du Congo en 1998, marquée par l’invasion rwandaise, ainsi qu’aux massacres de Kisangani (2000), lorsque les armées rwandaise et ougandaise s’y affrontèrent, causant la mort de milliers de civils.
Des cérémonies de mémoire pour réparer les blessures
En 2024, les commémorations du GENOCOST ont eu lieu à Kisangani et Goma, deux villes symboles de la guerre. Selon Radio Okapi, la Première ministre Judith Suminwa et le ministre des Mines Kizito Pakabomba ont mené les cérémonies.
Les événements comprenaient :
- Dépôts de gerbes sur les tombes des victimes.
- Témoignages poignants de survivants des conflits.
- Projections de documentaires, pour sensibiliser les jeunes générations.
- Signature d’un livre d’or, en hommage aux disparus.
« Rappeler ces atrocités, c’est lutter contre leur banalisation. »
Judith Suminwa, Première ministre de la RDC
Tableau des principales cérémonies du GENOCOST 2024
Ville | Autorité présente | Événements majeurs |
---|---|---|
Kisangani | Judith Suminwa (Première ministre) | Témoignages, livre d’or, dépôt de gerbe |
Goma | Kizito Pakabomba (ministre des Mines) | Projections, discours, commémoration |
Un terme contesté : le débat autour du mot « génocide »
Malgré l’officialisation du GENOCOST, de nombreuses voix s’élèvent contre l’utilisation du terme génocide. Selon Deutsche Welle, certains juristes rappellent que le droit international exige une intention de destruction d’un groupe ciblé, ce que certains événements congolais ne rempliraient pas formellement.
« La douleur est bien réelle, mais la qualification juridique reste complexe. »
Dr. Rachel Kalume, juriste spécialisée en droit international
D’autres critiques, émanant notamment de l’opposition politique, fustigent l’inaction du gouvernement face à la montée des violences dans le Nord-Kivu, l’Ituri ou encore face aux exactions du M23 et de la CODECO.
- Manque de justice pour les survivants.
- Absence de mécanismes de réparation.
- Échec à empêcher les violences récurrentes.
Ce débat révèle un fossé entre reconnaissance mémorielle et action politique concrète.
Un appel à la justice et à la paix durable
Au-delà du symbole, le GENOCOST est devenu un outil de plaidoyer international. Le Dr Mukwege, prix Nobel de la paix, appelle régulièrement à une commission internationale d’enquête et à la fin de l’impunité.
Selon la Fondation Panzi, trois axes doivent guider l’avenir :
- Poursuites judiciaires des criminels de guerre.
- Réparations pour les victimes et soutien aux survivants.
- Protection des ressources naturelles pour couper les financements des groupes armés.
Le FONAREV (Fonds national de réparation des victimes) a été mis en place, mais son action reste limitée. Il manque encore une volonté politique forte et une mobilisation internationale cohérente.
Questions fréquentes sur la journée commémorative du génocide congolais
Quelle est la signification du GENOCOST dans le contexte congolais ?
Le GENOCOST désigne un génocide motivé par des gains économiques, notamment à travers l’exploitation illégale des ressources naturelles. Il évoque les millions de morts causés par des guerres pour le contrôle du coltan, de l’or et d’autres minerais.
Pourquoi la date du 2 août a-t-elle été choisie ?
Le 2 août 1998 marque le début de la deuxième guerre du Congo, avec l’invasion par des forces étrangères. C’est aussi une date de souvenir des massacres de civils, comme ceux de Kisangani en 2000.
Le génocide congolais est-il reconnu au niveau international ?
Non, le génocide congolais n’est pas reconnu par les instances internationales comme l’ONU. Cependant, des organisations militent pour une reconnaissance officielle et des enquêtes indépendantes.
Et vous, que pensez-vous de cette commémoration du 2 août ? Trouvez-vous que le terme “génocide” est justifié ? Partagez votre avis et vos réflexions dans les commentaires.