À Nantes, le mardi 10 juin 2025 s’annonce sous haute tension. Les chauffeurs de VTC rejoignent le mouvement national intersyndical pour dénoncer les conditions imposées par les plateformes de réservation. Une opération escargot est redoutée sur le périphérique, risquant de paralyser les axes stratégiques de la métropole.
La mobilisation nationale des chauffeurs VTC prévue le 10 juin 2025 risque de paralyser une partie du périphérique nantais. Ce mouvement, déjà actif à Bordeaux, traduit un ras-le-bol généralisé contre les plateformes numériques et l’absence de régulation adaptée.
À retenir :
- Une opération escargot est attendue autour de Nantes ce mardi 10 juin
- Les chauffeurs VTC dénoncent leur dépendance aux plateformes comme Uber
- Une perturbation du périphérique, de la gare et de l’aéroport est redoutée
- Les revendications incluent une régulation du secteur et la création d’une association locale
Une mobilisation d’ampleur nationale et une pression croissante à Nantes
Selon l’Union-Indépendants VTC, le mouvement national du 10 juin vise à maintenir une pression sur les plateformes de réservation, notamment Uber, Freenow ou Bolt. À Bordeaux, deux opérations escargot sont prévues du parc des expositions à l’aéroport entre 10h et 20h.
À Nantes, bien que les actions du jour ne soient pas officiellement confirmées, les autorités redoutent une paralysie du périphérique. Les précédentes mobilisations dans la métropole (en janvier et avril 2024) avaient entraîné d’importants ralentissements, en particulier autour de la gare et de l’aéroport Nantes-Atlantique.
« On ne veut plus être des esclaves numériques, on veut vivre de notre travail », témoigne Karim, chauffeur VTC à Nantes depuis 6 ans.
Des tensions qui s’inscrivent dans une longue série de conflits locaux
En janvier 2024, une cinquantaine de chauffeurs VTC avaient organisé une opération escargot entre la gare et la préfecture, dénonçant la réforme des retraites et la saturation du secteur. En avril, une autre mobilisation ciblait la gare de Nantes, les chauffeurs exigeant des zones de stationnement dédiées et un meilleur accès aux clients.
Selon AlloChauffeurNantais.com, ces tensions reflètent une exclusion des VTC des zones d’interconnexion, au profit des taxis, des loueurs et des navettes aéroportuaires.
Les relations sont également tendues avec les taxis traditionnels, comme l’a montré la mobilisation du 13 février 2024 à Nantes-Atlantique. Les taxis dénoncent une concurrence qu’ils jugent déloyale, pointant du doigt une réglementation asymétrique.
Enjeux économiques et nécessité d’une réforme structurelle
Les chauffeurs VTC doivent composer avec une rentabilité incertaine, particulièrement en dehors des créneaux dits « rentables » (lundi-jeudi de 5h à 12h et 19h à 2h, et le week-end en continu).
Une commission de 25 % est en moyenne prélevée par les plateformes numériques, amputant les revenus mensuels.
- Lundi-jeudi : pic de rentabilité le matin et en soirée
- Vendredi-samedi : forte demande 24h/24
- Dimanche : activité irrégulière selon les zones
« Le problème, ce n’est pas la demande. C’est que plus on travaille, plus les plateformes prennent », explique Mohamed, chauffeur indépendant à Rezé.
Selon le site spécialisé VTCBienveillance.fr, les revendications prioritaires concernent :
• l’instauration d’un numerus clausus
• la fixation d’un tarif plancher
• l’accès aux zones ZTL (Zone à Trafic Limité)
• la création d’une représentation syndicale régionale
• une régulation des plateformes
Les impacts attendus sur la circulation et les usagers à Nantes
La préfecture annonce de probables ralentissements sur le périphérique Est et Sud, ainsi qu’aux abords de l’aéroport et de la gare Sud. Les opérations escargot ralentissent lourdement les flux pendant plusieurs heures, comme observé à Bordeaux. Nantes n’est pas à l’abri d’un effet domino avec un trafic saturé aux heures de pointe.
En parallèle, les plateformes comme Allocab maintiennent leurs services. Selon leur blog officiel, 40 % de leurs trajets nantais sont assurés par des véhicules à faibles émissions, et un taux de ponctualité de 99,9 % est maintenu, même en période de mobilisation.
Plateforme | Commission | Tarif minimum | Véhicules écoresponsables |
---|---|---|---|
Uber | 25 % env. | 6,50 € | Faible |
Allocab | 20 % env. | 9 € | 40 % du parc |
FreeNow | 22 % env. | 8 € | Variable selon ville |
Un avenir encore incertain pour la profession
Selon l’analyse de UberZone.fr, une tendance se dessine : plus d’un chauffeur VTC sur trois envisage de quitter la profession dans les deux prochaines années si les conditions ne changent pas. À Nantes, les discussions en cours pour structurer une association des VTC de l’Ouest pourraient faire émerger une nouvelle voie de dialogue.
La crise actuelle interpelle. Elle traduit une mutation profonde du secteur du transport urbain, entre modèle numérique, autonomie des chauffeurs, et arbitrages politiques.
« On veut juste travailler dignement, pas quémander une reconnaissance », témoigne Laetitia, VTC en périphérie nantaise depuis 2019.
Et vous, avez-vous été touché par les perturbations ? Pensez-vous que VTC et taxis peuvent cohabiter équitablement à Nantes ? Partagez votre avis en commentaire.