Liste médicaments QT corrigé

Quels médicaments allongent le QT corrigé ? Liste et précautions

By Erwan

L’allongement de l’intervalle QT corrigé (QTc) est un phénomène redouté en cardiologie. Il peut provoquer une arythmie sévère appelée torsade de pointes, potentiellement fatale. Plus de 190 médicaments prolongeant le QT corrigé sont aujourd’hui identifiés. Cela rend indispensable une connaissance fine de ces substances, notamment dans les contextes de polypharmacologie ou chez les patients fragiles.

Dans cet article, je vous propose une analyse structurée, fondée sur l’expérience clinique et les données actuelles, afin de repérer les molécules à risque et adopter les précautions adaptées.

À retenir :

  • Les médicaments prolongeant le QT corrigé sont nombreux et répartis dans plusieurs classes thérapeutiques.
  • Le risque est plus élevé chez les personnes âgées, les femmes et les patients prenant plusieurs traitements.
  • Une surveillance ECG et une adaptation thérapeutique sont incontournables pour limiter les complications.

Classification des médicaments selon leur niveau de risque QTc

Une base de référence internationale : CredibleMeds

La plateforme CredibleMeds est la plus utilisée pour classer les médicaments prolongeant le QT corrigé. Trois niveaux de risque y sont identifiés : connu, possible et conditionnel.

« CredibleMeds est un outil clinique irremplaçable dans la prévention des arythmies médicamenteuses. »

Pr Jean-Luc Berthon, pharmacologue

Médicaments à risque connu
Ceux-ci ont déclenché des torsades de pointes en situation d’usage courant :

  • Amiodarone, quinidine, sotalol
  • Astémizole, trioxyde d’arsenic
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Médicaments à risque possible
Leur lien avec les TdP est moins établi, mais suspecté :

  • Alfuzosine, aripiprazole, asémapine

Médicaments à risque conditionnel
Ils ne présentent un danger que dans certaines conditions (hypokaliémie, interactions…) :

  • Amitriptyline, amphotericine B, amantadine

Médicaments prolongeant le QT corrigé : les classes à surveiller

Antiarythmiques : le paradoxe du traitement

Les médicaments destinés à stabiliser le rythme cardiaque sont souvent… arythmogènes. Les classes I (ex. quinidine) et III (ex. sotalol) sont les plus impliquées.

« Soigner une arythmie avec un médicament pro-QTc, c’est comme éteindre un feu avec de l’essence. »

Dr Florence Delalande, urgentiste

Exemples concrets :

  • Amiodarone : prolonge le QT mais reste peu arythmogène
  • Sotalol : à risque élevé chez l’insuffisant rénal
  • Disopyramide, ibutilide, dofétilide

Antimicrobiens : un risque souvent sous-estimé

Les antibiotiques, notamment fluoroquinolones et macrolides, sont responsables de nombreux allongements de QT.

Exemples de médicaments prolongeant le QT corrigé :

  • Érythromycine, clarithromycine, moxifloxacine, ciprofloxacine

Antipsychotiques et antidépresseurs

Les médicaments psychiatriques sont des contributeurs fréquents au prolongement de l’intervalle QT corrigé, en particulier chez les personnes âgées.

Exemples fréquents :

  • Halopéridol, thioridazine, quétiapine
  • Amitriptyline, imipramine, fluoxétine

Tableau des classes de médicaments prolongeant le QT corrigé

Classe thérapeutiqueMédicaments concernésNiveau de risque CredibleMeds
AntiarythmiquesAmiodarone, sotalol, quinidineRisque connu
AntimicrobiensÉrythromycine, moxifloxacineRisque connu
AntipsychotiquesHalopéridol, quétiapine, rispéridoneRisque connu
AntidépresseursAmitriptyline, fluoxétineRisque conditionnel
AntihistaminiquesAstémizole, hydroxyzineRisque connu

Facteurs de risque et interactions médicamenteuses

Sexe, âge et électrolytes : les pièges du terrain

Certains patients présentent une sensibilité particulière aux médicaments prolongeant le QT corrigé.

Facteurs aggravants :

  • Sexe féminin
  • Âge avancé
  • Hypokaliémie, hypomagnésémie
  • Cardiopathies ou insuffisance rénale
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Polypharmacologie : le cocktail dangereux

La co-prescription de plusieurs médicaments prolongeant le QT corrigé est très courante, surtout en milieu hospitalier.

Exemple : Un patient âgé sous halopéridol, amitriptyline et ciprofloxacine présente un risque majeur.

« En gériatrie, 30% des patients reçoivent au moins deux molécules pro-QT. »

Dr Hélène Vasseur, interniste

Surveillance ECG et bonnes pratiques cliniques

Évaluer avant de prescrire

Il est recommandé de faire un ECG de référence avant d’introduire un médicament à risque. La mesure du QTc doit être rigoureuse :

  • Formules de Bazett ou Fredericia
  • QTc normal < 450 ms (homme), < 460 ms (femme)
  • QTc > 500 ms : alerte maximale

Adapter le traitement et surveiller

Si un médicament prolongeant le QT corrigé est nécessaire :

  • Corriger les électrolytes
  • Adapter la dose selon la fonction rénale
  • Réévaluer régulièrement l’ECG
  • Utiliser CredibleMeds, Medscape Interactions Checker

Stratégies de prévention et alternatives

Anticiper vaut mieux que réanimer

La meilleure prévention est l’éviction des associations dangereuses et une révision régulière du traitement.

Mesures recommandées :

  • Privilégier les alternatives à faible risque au sein de chaque classe
  • Arrêter les traitements non indispensables
  • Informer les prescripteurs (notamment en psychiatrie et soins intensifs)

Et vous, avez-vous déjà surveillé le QT de vos patients ou le vôtre après une nouvelle prescription ? Partagez vos retours d’expérience dans les commentaires.

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