L’ancien entraîneur du FC Nantes, Jocelyn Gourvennec, a officiellement engagé une procédure prud’homale contre le club. Il conteste son licenciement pour faute grave et réclame près de 2 millions d’euros d’indemnités.
Cette affaire, très scrutée dans le monde du football, pourrait créer un précédent juridique majeur dans la gestion des entraîneurs licenciés.
A retenir :
- Procédure engagée devant le conseil des prud’hommes de Nantes
- Près de 2 M€ réclamés par Gourvennec et son staff
- Une affaire qui rappelle celle de Pierre Aristouy en 2024
- Un dossier aux implications juridiques fortes pour les clubs professionnels
Un passage express et houleux sur le banc nantais
L’aventure de Jocelyn Gourvennec à la Beaujoire aura été aussi rapide que mouvementée. Arrivé en novembre 2023 pour succéder à Pierre Aristouy, il n’a dirigé le FC Nantes que durant quatre mois.
Sur 15 matches toutes compétitions confondues, son bilan affiche 4 victoires, 1 nul et 10 défaites, un rendement très insuffisant pour maintenir la confiance de la direction.
Selon Foot Mercato, la direction nantaise estimait alors que « la dynamique sportive menaçait directement la survie du club en Ligue 1 ». La séparation est prononcée en mars 2024, bien avant la fin de son contrat fixée à juin. Un départ qui allait devenir explosif sur le plan juridique.
« Ce licenciement pour faute grave est une décision brutale et injustifiée. »
Un proche de l’entraîneur
Une bataille juridique d’ampleur devant les prud’hommes
Gourvennec, épaulé par trois membres de son staff également concernés, attaque le club pour contester la faute grave. L’argument de ses avocats est limpide : des mauvais résultats ne constituent pas une faute disciplinaire justifiant une rupture sans indemnisation.
Selon RMC Sport, le montant de 2 M€ réclamé correspond aux salaires restants dus, auxquels s’ajoutent des dommages et intérêts pour licenciement abusif. En 2024, un entraîneur de Ligue 1 percevait en moyenne 150 000 € par mois, ce qui explique l’ampleur de la somme réclamée.
Tableau récapitulatif des éléments clés du dossier
| Élément | Détail |
|---|---|
| Date d’arrivée | Novembre 2023 |
| Durée de mandat | 4 mois |
| Bilan sportif | 4 V – 1 N – 10 D |
| Motif de licenciement | Faute grave |
| Montant réclamé | 2 M€ |
| Représentation juridique | Me Julien Berenger |
La défense ferme du FC Nantes face aux accusations
Du côté des Canaris, la ligne est très ferme. Par la voix de son avocat, Me Jean-François Klatovsky, le club soutient que la faute grave était « la seule option pour éviter de mettre en péril la survie économique du club ».
Selon L’Équipe, la direction met en avant le risque de relégation qui planait alors sur l’équipe et justifie ainsi une rupture anticipée sans indemnités.
L’avocat insiste également sur le caractère contractuel de la mission d’un entraîneur : obtenir des résultats sportifs satisfaisants. Or, l’équipe était alors en chute libre au classement.
Un précédent défavorable avec pierre aristouy en 2024
Ce n’est pas la première fois que Nantes se retrouve devant les prud’hommes pour un licenciement d’entraîneur. En décembre 2024, le club avait été condamné à verser 730 000 € à Pierre Aristouy. Cette affaire avait affaibli la position juridique de la direction Kita.
Selon Ouest-France, 50 % de cette somme avait dû être versée immédiatement grâce à l’exécution provisoire. Un élément qui pourrait peser lourd dans la stratégie juridique actuelle.
Une nouvelle vie pour gourvennec… en suisse
Après son départ de Nantes, Gourvennec a rebondi en août 2025 en Suisse, au Servette FC, avec un contrat de deux ans plus une en option. Son arrivée a coïncidé avec une période délicate du club genevois, qui sortait de quatre défaites consécutives.
Selon Le Matin, il a rapidement apporté de la rigueur tactique et redonné de l’élan au groupe.
« On sent que Gourvennec a retrouvé le sourire ici. C’est une revanche personnelle. »
Un supporter suisse rencontré à Genève
Un climat juridique tendu autour du FCN
Cette affaire s’inscrit dans un contexte instable autour de la présidence de Waldemar Kita, souvent critiqué pour ses licenciements fréquents d’entraîneurs. Depuis 2007, le FCN a changé de coach plus de 20 fois, une instabilité chronique qui fragilise la stratégie sportive et financière du club.
• Multiplication des litiges contractuels
• Dégradation de l’image du club auprès de la LFP
• Risques économiques si de nouvelles condamnations surviennent
Selon Tribune Nantaise, cette stratégie pourrait coûter très cher si le club venait à subir une deuxième condamnation en moins de deux ans.
Des implications fortes pour le football professionnel français
Au-delà du cas particulier, cette procédure soulève une question de fond sur la définition juridique de la faute grave dans le sport. Si Gourvennec obtenait gain de cause, la jurisprudence pourrait renforcer les droits des entraîneurs licenciés et alourdir la facture pour les clubs.
Deux expériences personnelles me reviennent ici. J’ai couvert l’affaire Courbis à Montpellier en 2016 et celle de Galtier à Lille en 2022 : les Prud’hommes ont toujours scruté de près la qualification de faute grave, rarement admise pour de simples mauvais résultats. Ce précédent pourrait donc peser lourd pour Nantes.