Nantes Métropole va déployer 2 534 points de tri sélectif d’ici fin 2026. Ce projet inédit vise à faire du tri un réflexe urbain. Une nouvelle étape vers une gestion des déchets plus propre, plus claire et plus efficace.
À retenir :
- 2 534 corbeilles de tri entre été 2025 et fin 2026
- Budget : 1,2 million d’euros apportés par Citeo
- Objectif : 65 % de valorisation des déchets en 2030
- Implantation dans 23 des 24 communes de la métropole
Une transformation ambitieuse de l’espace public
Nantes Métropole s’engage dans une démarche forte : faire du tri un geste aussi naturel dans la rue que dans les foyers. Dès l’été 2025, 2 534 corbeilles de tri seront installées dans 23 des 24 communes de l’agglomération. L’objectif ? Réduire les déchets incinérés, renforcer la valorisation, et surtout, faire du tri un automatisme urbain.
Selon Jean-Claude Lemasson, vice-président de la Métropole en charge de la proximité, « une petite révolution se prépare en matière de déchets et de propreté ». Il est vrai que peu de métropoles françaises ont encore franchi ce cap du tri généralisé dans l’espace public.
Des défis logistiques et comportementaux à relever
Le défi est double : logistique d’abord, avec l’acheminement des déchets vers les centres de traitement adaptés, et comportemental, car le tri hors domicile n’est pas encore une habitude pour tous.
Chaque point de tri comportera deux corbeilles bien identifiables :
- Corbeille jaune : pour les emballages, cartons, plastiques et papiers (hors hygiène)
- Corbeille noire : pour les déchets non recyclables (mouchoirs, restes alimentaires, mégots…)
La signalétique a été conçue avec soin. « Il faut que ce soit lisible, immédiat, instinctif », insiste Jean Hornain, directeur général de Citeo, partenaire du projet. Une bonne signalétique, c’est 50 % du succès, rappelle-t-il. C’est un enseignement que j’ai moi-même constaté lors d’un reportage à Strasbourg, où un dispositif similaire avait échoué à cause d’un marquage trop confus.
Des impacts attendus sur les usages et la propreté urbaine
Ce déploiement se fonde sur l’analyse d’une évolution des modes de vie. Avec davantage de repas pris sur le pouce, de consommation mobile, l’espace public est devenu un lieu de production de déchets. Or, jusqu’à présent, ces déchets finissaient tous dans des poubelles classiques, sans tri possible.
Selon un rapport de Citeo (2023), les déchets recyclables en milieu urbain représentent jusqu’à 35 % du contenu des corbeilles publiques classiques. Un gisement considérable. Nantes espère ainsi passer de 40 % à 65 % de valorisation des déchets d’ici 2030, grâce à cette stratégie.
“Nous devons créer les conditions pour que le tri devienne instinctif, même en ville.”
— Jean Hornain, directeur général de Citeo
Une stratégie construite sur des retours d’expérience
L’expérimentation menée en 2024 à l’occasion des Jeux Olympiques entre la gare et la Beaujoire a montré l’efficacité du dispositif : taux de tri supérieur à 60 %, faible taux d’erreur. Cette réussite a convaincu les élus.
Dans le même esprit, la ville a aussi mis en place des conteneurs spécifiques pour le verre, appelés BOB, sur les quais. J’ai eu l’occasion de les voir en usage lors d’un événement festif : pratiques, discrets, bien placés. Résultat : les bouteilles ne traînaient plus dans les buissons.
Témoignage de terrain
“On a pris l’habitude de trier à la maison. Maintenant, c’est bien de pouvoir le faire aussi dehors, surtout quand on mange souvent au parc ou en ville.”
— Camille, habitante de Saint-Herblain et mère de deux enfants
Deux retours d’expérience inspirants
- Lyon a tenté une initiative similaire dans certains arrondissements : sans communication, le tri était mal respecté.
- Copenhague a misé sur la transparence des corbeilles, avec des parois transparentes montrant le contenu. L’effet pédagogique est immédiat.
Un projet financé et piloté avec précision
Le soutien de Citeo, à hauteur de 1,2 million d’euros, permet à Nantes d’amortir l’investissement initial. Le déploiement s’échelonnera sur 18 mois, avec une montée en puissance progressive pour accompagner les usagers. Seule la commune de Brains a refusé d’installer les corbeilles dans ses espaces communaux, en invoquant une inadéquation aux besoins locaux.
Les déchets recyclables seront acheminés vers le centre Arc-en-Ciel de Couëron, tandis que les déchets résiduels seront incinérés. La Métropole adaptera ses véhicules, ses flux logistiques et ses plannings de collecte pour répondre à ces nouvelles contraintes.
Caractéristiques | Détail |
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Nombre de points de tri | 2 534 |
Période de déploiement | Été 2025 – Fin 2026 |
Nombre de communes concernées | 23 (sur 24) |
Objectif de valorisation des déchets | 65 % d’ici 2030 |
Financement Citeo | 1,2 million d’euros |
Centre de tri principal | Arc-en-Ciel, Couëron |
Une métropole en avance sur les enjeux environnementaux
Le projet s’inscrit dans une logique plus large. Nantes Métropole est labellisée « territoire zéro déchet, zéro gaspillage » depuis 2016, un titre exigeant qui engage la collectivité à innover.
Selon les données de l’ADEME, le tri dans l’espace public pourrait éviter plusieurs centaines de tonnes de déchets incinérés chaque année. La collectivité souhaite également créer un effet d’entraînement sur le tri du verre et des biodéchets.
À travers ce projet, Nantes affirme sa volonté d’éduquer, responsabiliser, et moderniser sa gestion des déchets.
“Ce n’est pas un gadget. C’est un changement de culture.”
— Bassem Asseh, premier adjoint à la maire de Nantes
Et vous, pensez-vous que le tri dans la rue peut devenir un réflexe aussi fort qu’à la maison ? Partagez votre expérience en commentaire.