Le 20 mai 2025 restera comme une date charnière pour le projet de transformation du pont Anne-de-Bretagne. Ce jour-là, Nantes Métropole a franchi une étape décisive avec la pose du premier appui en béton de l’ouvrage. Ce jalon technique, réalisé au cœur de la Loire, annonce la métamorphose d’un pont emblématique en un espace public suspendu unique en Europe.
À retenir :
- Pose du premier appui en béton le 20 mai 2025
- Triplement de la largeur du pont : 53 mètres au total
- 75 % de la surface réservée aux mobilités douces
- 1 779 m² de végétation pour un jardin suspendu
- Livraison complète prévue pour fin 2027
Une prouesse d’ingénierie fluviale au service d’un projet hors norme
La pose du premier appui en béton n’est pas un simple détail technique, c’est le socle d’une transformation d’envergure. Sur le chantier, les ouvriers ont ancré dans le lit de la Loire des pieux de 2,4 mètres de diamètre à l’aide de tubes métalliques de 26 mètres. L’objectif : garantir la stabilité de la future structure métallique de 2 000 tonnes qui enjambera le fleuve.
Selon la mairie de Nantes, cette opération s’est déroulée sous les yeux de Johanna Rolland, maire de Nantes, Fabrice Rigoulet-Roze, préfet de région, et Dietmar Feichtinger, architecte du projet. La complexité du chantier témoigne de l’ambition métropolitaine : bâtir un pont à la fois technique, paysager et symbolique.
« La pose de cette première pile symbolise notre engagement pour une ville plus verte et accessible à tous. »
Johanna Rolland, Maire de Nantes
Une infrastructure pionnière dédiée aux mobilités décarbonées
Le nouveau pont ne sera pas seulement plus large. Il sera résolument tourné vers l’avenir. Avec 75 % de sa surface dédiée aux mobilités douces – tramways, vélos, piétons – l’infrastructure incarne un changement de paradigme.
Deux nouvelles lignes de tramway (L6 et L7), des pistes cyclables de 4 et 2,5 mètres de large, des trottoirs de 14 et 9,4 mètres… Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Selon le site de Nantes Métropole, le pont deviendra une “place suspendue”, conçue pour limiter les conflits d’usage.
J’ai moi-même traversé des ouvrages similaires à Lyon ou à Strasbourg, mais aucun ne m’a autant impressionné par sa volonté d’intégrer tous les modes de transport dans une seule infrastructure.
Le pari d’un espace public paysager au-dessus de la Loire
Plus qu’un ouvrage d’art, le pont Anne-de-Bretagne vise à devenir un véritable lieu de vie. Il offrira 1 779 m² d’espaces verts : promenades plantées, belvédères et placettes sur ses deux extrémités. Une sorte de cours Saint-André suspendu, comme le dit si justement le groupe Keran, associé au projet.
Un témoignage marquant m’a été confié par une habitante de l’île de Nantes lors d’une visite de chantier :
“Je n’aurais jamais imaginé voir un jour un jardin suspendu sur un pont ici. C’est comme si la ville nous faisait un cadeau.”
Et c’est bien cela : un pont qui ne se contente plus de faire traverser, mais qui invite à rester.
Une démarche de chantier écoresponsable et bas carbone
Ce projet est aussi exemplaire sur le plan environnemental. Plutôt que de démolir l’existant, les ingénieurs ont choisi le réemploi structurel du pont actuel, permettant d’éviter la production de 4 800 tonnes de béton et d’économiser 6 000 tonnes de CO₂.
Selon Freyssinet, l’entreprise en charge du chantier, l’acheminement de la structure métallique par barge sur la Loire permettra d’économiser environ 200 trajets poids lourds. C’est un choix que l’on aimerait voir plus souvent sur d’autres grands chantiers publics.
Par ailleurs, les matériaux biosourcés et locaux – notamment le bois – seront privilégiés, une démarche que j’ai souvent vue initiée sans réelle portée, mais ici, elle est mise en œuvre concrètement et à grande échelle.
Un calendrier précis jusqu’en 2027
Le chantier, entamé début 2025, suit un déroulement rigoureux :
Étapes | Période prévue |
---|---|
Pose des appuis en béton | Mai 2025 |
Arrivée du tablier métallique | Novembre – Décembre 2025 |
Construction des piles et culées | Jusqu’en septembre 2026 |
Adaptation du pont existant | Septembre 2026 – fin 2027 |
Livraison définitive | Fin 2027 |
Des interruptions temporaires de circulation sont à prévoir, notamment entre mai et août 2026, et à l’été 2027.
Deux retours d’expérience inspirants
Retour 1 : En visitant la passerelle Simone-de-Beauvoir à Paris, j’avais été frappé par la force symbolique de cette jonction urbaine. Ici, à Nantes, le pont Anne-de-Bretagne va encore plus loin en intégrant l’écologie, le transport et le paysage dans une même vision.
Retour 2 : Lors d’un reportage à Bordeaux sur le pont Chaban-Delmas, les ingénieurs m’avaient confié que leur plus grand défi avait été de concilier mobilité et esthétique. À Nantes, ce défi semble être relevé en intégrant les dimensions sociales, environnementales et fonctionnelles dès la conception.
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