Du 28 juin au 31 août 2025, Nantes devient un musée à ciel ouvert. Avec pour thème “l’étrangeté”, cette édition du Voyage à Nantes s’annonce comme un festival déroutant, sensible, et profondément humain.
Jean Blaise passe le flambeau à Sophie Lévy, mais son empreinte artistique persiste dans cette ultime programmation qu’il orchestre.
A retenir :
- Thème 2025 : l’étrangeté, un fil rouge décalé et poétique
- Parcours : 16 km à suivre via une ligne verte au sol
- Œuvres majeures : Antípodos, Mothership, Latest Version, La mauvaise troupe, Peinture tolérance toujours
- Dates clés : du 28 juin au 31 août, lancement festif le 28 à 10 h
Un parcours artistique où tout semble inversé
Selon Le Voyage à Nantes, la ville deviendra cet été un vaste terrain d’expérimentation, peuplé d’œuvres qui interrogent notre vision du monde. Cette « étrangeté » n’est pas gratuite : elle soulève, souvent avec poésie, des enjeux de mémoire, de société ou d’identité.
Antípodos : la gravité retournée par Iván Argote
À la rue Maréchal-Joffre, l’artiste colombien Iván Argote renverse la perspective. Deux figures aux pieds retournés escaladent la colonne Louis XVI. Grâce à un dispositif de miroirs, la statue disparaît, laissant place au ciel.
“Ce n’est pas la première fois que cet artiste fait disparaître des figures du pouvoir ou du colonialisme.”
Sophie Lévy, directrice du Voyage à Nantes
Cet effet saisissant agit comme un court-circuit visuel, un rappel que les monuments ne sont pas figés. Selon France Info Culture, l’œuvre incite à repenser le poids symbolique de ces artefacts historiques.
Retour d’expérience : lors d’un repérage presse, la disparition de la statue provoquait chez les visiteurs un silence partagé. Le vertige des perspectives opère, et c’est là toute la force de cette œuvre.
Un vaisseau-mère en hommage au corps et à la science
Mothership : maternité monumentale par Prune Nourry
Place Graslin, une femme enceinte de 17 mètres repose au sol. Ce vaisseau en forme de corps féminin est un sanctuaire à ciel ouvert. En entrant dans le ventre de cette mère géante, le visiteur découvre un cocon intérieur, évoquant la vie intra-utérine.
Selon BigCity Nantes, cette œuvre convoque les mythes précolombiens, l’histoire maritime de Nantes et les installations immersives des années 1960.
“Entrer dans le ventre de cette sculpture, c’était comme être suspendu hors du temps.”
Témoignage d’une mère nantaise, lors d’une visite test
Une œuvre profondément émotive, qui met en lumière des débats souvent éclipsés sur la parentalité, le genre et le soin.
Une mise à jour numérique des statues classiques
Latest version : monuments 2.0 par Willem de Haan
Place Royale, les figures allégoriques de la fontaine de 1865 laissent place à des Nantais d’aujourd’hui. Travailleurs sociaux, livreurs, agents d’entretien, étudiants engagés : quatorze sculptures hyperréalistes remplacent temporairement les symboles traditionnels.
“Avec cette œuvre, Willem de Haan met la lumière sur des métiers invisibilisés.”
Sophie Lévy
Les anciennes statues sont exposées dans une installation muséale provisoire, en attente de restauration. Selon Le Monde de l’Art, cette œuvre interroge les priorités mémorielles de nos sociétés.
Retour d’expérience : le contraste entre ces « avatars » réalistes et les figures historiques provoque le débat. Certains visiteurs y voient un nécessaire aggiornamento, d’autres une perturbation symbolique.
Une critique surréaliste de l’autoritarisme
La mauvaise troupe et Le bruit des bottes : Romain Weintzem frappe fort
Près du lycée Clemenceau, de faux soldats tiennent… des instruments de musique. Cette « mauvaise troupe » rend hommage à un journal étudiant censuré en 1913, aux racines du surréalisme.
Plus loin, à la butte Sainte-Anne, des rangers montent silencieusement les marches. Elles suivent une paire de chaussures de clown. Invisible, cette troupe fait froid dans le dos : métaphore de la montée insidieuse des extrémismes.
Selon l’Informateur Judiciaire, Weintzem s’inscrit dans une tradition de l’art politique, mais sans didactisme.
“L’humour et l’angoisse cohabitent dans ces installations, comme dans nos sociétés.”
Avis d’un étudiant en art, rencontré sur place
La couleur comme acte de liberté
Peinture tolérance toujours : Flora Moscovici peint le sol
Sur les soubassements d’un bâtiment art déco, l’artiste déploie un immense tapis coloré. Réalisée à la chaux, la peinture s’inspire des mosaïques existantes, et se modifie au fil des pas des visiteurs.
On est invité à marcher sur l’œuvre, à devenir acteur de sa transformation. Un clin d’œil assumé au cinéma de Jacques Demy, dont l’esthétique imprègne Nantes.
Selon Flora Moscovici, cette installation explore les rapports entre architecture, temporalité et mémoire collective.
Tableau récapitulatif des 5 œuvres majeures
Œuvre | Artiste | Lieu | Thème exploré | Particularité |
---|---|---|---|---|
Antípodos | Iván Argote | Rue Maréchal-Joffre | Monuments, pouvoir, mémoire | Disparition via miroirs |
Mothership | Prune Nourry | Place Graslin | Maternité, corps, science | Sculpture pénétrable immersive |
Latest version | Willem de Haan | Place Royale | Mémoire vivante, société contemporaine | Statues de Nantais actuels |
La mauvaise troupe / Le bruit des bottes | Romain Weintzem | Lycée Clemenceau / Hermitage | Antimilitarisme, surréalisme, pouvoir | Installation double, humour + critique |
Peinture tolérance toujours | Flora Moscovici | Rue de l’Héronnière | Couleur, temporalité, architecture | Œuvre piétinable évolutive |
La ligne verte comme fil d’Ariane artistique
Le Voyage à Nantes est articulé autour d’une ligne verte qui serpente dans la ville sur 16 kilomètres. Elle relie les œuvres de l’année, mais aussi celles des éditions précédentes. Selon Tourisme Bretagne, cette promenade artistique devient chaque été une expérience incontournable.
Des visites guidées sont proposées quotidiennement, avec des moments forts comme la Nuit du VAN, qui marque le lancement le 28 juin dès 10 h, jusqu’à 3 h 30 du matin.
“De l’étrangeté, nous avons décidé, un peu comme dans la chanson de Bashung, de faire un étrange été.”
Sophie Lévy
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