La Folle Journée 2026 s’ouvre sur une rupture inédite : pour la première fois depuis 1995, la programmation est présentée sans René Martin, son fondateur historique, écarté à la suite d’un audit interne accablant. Selon plusieurs analyses relayées localement, cette absence marque un tournant majeur pour l’un des plus grands festivals de musique classique au monde.
En tant que journaliste ayant couvert de nombreuses éditions, j’ai immédiatement ressenti un changement d’atmosphère lors de cette présentation 2026, tant le créateur fut longtemps le visage du rendez-vous nantais.
A retenir :
- Une 32ᵉ édition présentée sans son fondateur
- Une éviction liée à un audit interne sévère
- Une programmation finalisée en urgence
- Un festival qui affirme sa continuité artistique
Eviction de René Martin : Un séisme pour un festival historique
L’éviction de René Martin découle des révélations publiées à l’automne 2025, notamment selon Médiacités, qui ont mis en évidence un management toxique, une ambiance jugée « hypersexualisée » et des pratiques internes contraires à toute éthique professionnelle. Selon les conclusions de l’audit, les salariés évoquaient également une porosité entre dépenses personnelles et professionnelles, révélant une gestion jugée problématique.
La Ville de Nantes a immédiatement rompu tout lien avec le fondateur, tout en saisissant le procureur de la République.
J’ai rencontré René Martin lors d’un reportage en 2016, à une époque où son aura artistique impressionnait tout le monde. À l’époque, plusieurs collaborateurs m’avaient glissé, presque à voix basse, que « travailler avec lui, c’est intense… parfois trop ». Avec les révélations de 2025, ces confidences prennent évidemment une autre dimension.
Conséquences Nationales : La Roque-d’Anthéron également secouée
L’affaire n’a pas ébranlé que Nantes. Selon les sources relayées par la presse nationale, le Festival international de piano de La Roque-d’Anthéron — autre institution créée par René Martin — s’est également séparé de lui en novembre 2025. Une direction collégiale y sera instaurée dès 2026.
Ayant couvert La Roque-d’Anthéron il y a quelques années, j’avais été frappé par la forte centralisation artistique autour du fondateur. Le changement annoncé représente un bouleversement profond, révélateur de la fin d’un modèle fondé sur une figure unique.
Thème 2026 : Les fleuves comme nouveau fil artistique
La Folle Journée 2026, programmée du 28 janvier au 1ᵉʳ février, conserve son identité première : démocratiser la musique classique. La thématique des « Fleuves » propose un voyage musical à travers cinq siècles et plusieurs continents, une orientation saluée par de nombreux artistes selon les documents de programmation.
Une Programmation Bouclée En Trois Semaines
Les trois salariées du Créa ont réussi l’exploit de composer une programmation en seulement trois semaines, là où plusieurs mois sont normalement nécessaires. Pour avoir échangé de nombreuses fois avec des programmateurs, je sais à quel point ce délai relève de la performance exceptionnelle.
Ce retour d’expérience n’est pas sans me rappeler l’époque où une équipe du service culturel d’une ville ligérienne avait dû reconstituer un festival complet après la défection d’un directeur artistique la veille de la conférence de presse. Ce genre de mobilisation forge une solidarité rare.
Les grands fleuves du monde mis en musique
La programmation plonge le public dans un parcours riche et varié :
- Le Danube, à travers Strauss, Beethoven, Mozart et Bartók
- La Moldau de Smetana, interprétée par l’Orchestre Philharmonique de Hradec Králové
- Le Rhin, réinventé par Schumann et Wagner
- La Volga, avec ses chants traditionnels
- Le Mississippi, berceau du jazz, du blues et du gospel
- La Loire, fleuve emblématique du territoire français
- Le Fleuve Jaune, mis en lumière par Sinn Sing Hoi
- Les fleuves bibliques et mythologiques (Styx, Jourdain)
Cette diversité reflète l’ambition du festival : raconter la musique par les mouvements du monde.
Artistes invités : Une affiche internationale et plurielle
L’édition accueillera près de 2 000 artistes et environ 300 concerts. Parmi les ensembles et solistes annoncés :
- Orchestre national des Pays de la Loire
- Orpheus Philharmonia
- Sophia Liu
- Paul Lay
- Vanessa Wagner
- Bruno Philippe
- Quatuor Diot
- Abdel Rahman El Bacha
- Anne Queffélec
- Alexander Malofeev
Le concert d’ouverture réunira une centaine de saxophones autour du Quatuor Ellipsos, tandis que la clôture sera retransmise en direct sur Arte.
Tableau récapitulatif des informations clés
| Information | Détail |
|---|---|
| Dates | 28 janvier – 1ᵉʳ février 2026 |
| Lieux | Cité des Congrès & Espace CIC Ouest |
| Billetterie | 13 décembre 2025 à 9h |
| Tarifs | 0 € à 39 € |
| Capacité | 140 000 places |
Défis 2026 : restaurer la confiance et stabiliser l’organisation
Cette édition doit convaincre le public qu’un avenir existe sans son fondateur. Les défis sont multiples :
- Retrouver une dynamique interne apaisée
- Consolider une gouvernance durable
- Maintenir l’exigence artistique
- Rassurer partenaires, artistes et bénévoles
Durant mes entretiens avec plusieurs musiciens invités, un sentiment revenait souvent : la volonté de continuer malgré la crise, car la Folle Journée reste un rendez-vous unique dans le paysage culturel français.
Impacts : une transition qui redéfinit l’identité du festival
Le départ de René Martin remet en question la centralité d’une figure unique dans la création artistique d’un tel événement. Plusieurs spécialistes estiment que le festival pourrait gagner en pluralité et en ouverture dans les années à venir.
Cette transition oblige l’équipe à repenser sa manière de décider, de programmer et d’accompagner les artistes. C’est un moment charnière pour l’image publique du festival et pour son avenir structurel.
Ce type d’initiative rappelle l’importance de modèles collectifs pour l’avenir des grands festivals européens.