Crabe bleu : espèce invasive en France

By Loic

Il est le fantôme qui hante les pêcheurs. Ce crabe d’Amérique du Nord, avec ses grands ciseaux bleus, coupe les filets des pêcheurs.

Amateurs de pâtes aux palourdes ? Ce plat populaire en Italie que les puristes appellent « spagetti ai vongole », menacé par le crabe bleu, est devenu une denrée rare.

Cette espèce invasive, originaire de la côte atlantique de l’Amérique du Nord, est présente sur la côte méditerranéenne depuis des années. L’augmentation rapide de sa population a entraîné un problème majeur sur la côte de la mer Adriatique, près de Venise.

La France connaît également ce problème depuis plusieurs années.

Il a repris les activités de son père et de son grand-père sur le Scardovari, un bras de l’estuaire du Pô. Le Pô est le plus grand fleuve d’Italie et se jette dans la mer Adriatique.

Nous pêchons de plus en plus chaque jour. Je n’ai aucune idée de ce qu’il faut faire. Nous n’arrivons pas à attraper quoi que ce soit parce que les crabes n’arrêtent pas de casser nos filets.

Amérique du Nord

Depuis les côtes américaines, les crabes bleus (Callinectes Sapidus) se sont répandus dans d’autres parties du monde. On pense qu’ils ont été transportés par les eaux de ballast des navires.

Depuis quelques années, les bateaux de pêche travaillant entre l’Albanie et l’Espagne via la France peuvent constater la présence de cette espèce allogène qui perturbe l’équilibre naturel de la faune.

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15 km par jour

Selon l’Office français de la biodiversité, le crabe bleu est omnivore. Il se nourrit de moules (dont les huîtres), de poissons juvéniles et d’autres organismes présents dans son environnement. Mais on peut aussi le trouver en train de manger les filets des pêcheurs, grâce à ses grands ciseaux bleus.

Ils peuvent peser jusqu’à un kilogramme, et ils mangent tout avec leurs pinces bleues. Ils sont particulièrement doués pour ouvrir les coquilles de palourdes.

L’espèce est également un bon nageur, capable de parcourir au moins 15 km par jour.

Ce crustacé peut s’adapter très rapidement à différents environnements estuariens et marins. C’est aussi un reproducteur très performant.

Où est-il disponible en France ?

Depuis les années 1960, l’espèce est présente en PACA, mais elle est désormais aussi largement répandue le long de la Méditerranée, notamment « à son niveau de lagunes et d’étangs (étangs de Thau, étangs de Berre, Canet-Saint-Nazaire…) », note l’OFB.

Depuis 2017, les observations d’une telle espèce se sont multipliées. C’est notamment le cas le long des côtes du golfe du Lion.

L’espèce aurait d’abord colonisé l’étang de Canet-en-Roussillon, situé dans les Pyrénées-Orientales. C’est du côté français que l’espèce est la plus abondante. Selon l’Observatoire océanologique de Banyuls-sur-Mer, les captures devraient dépasser les 10 tonnes en 2020.

Nous avons pêché 10 tonnes de poissons l’année dernière. C’est une augmentation par rapport aux quelques tonnes pêchées en 2017.

Cette prolifération de la vie marine en Méditerranée pourrait être due à la mondialisation et à d’autres facteurs, tels que la pollution, le changement climatique, la surpêche.

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Vous pouvez finir le crabe en le mangeant.

Les Italiens ont peut-être trouvé le moyen d’enrayer le problème. Des restaurateurs ont décidé d’explorer les utilisations culinaires de ce nouvel ingrédient.

Luca Faraon possède un petit restaurant à Eraclea (ville côtière située à l’est de Venise). « Nous pouvons préparer une grande variété de plats avec le crabe bleu », dit-il en faisant goûter à ses clients des spaghettis au crabe bleu, cuisinés avec des tomates cerises, de l’ail et du persil.

La France n’en est pas encore là. Mais nous pourrions. C’est Guillaume Marchessaux (biologiste) qui est chargé de prendre une décision. En distribuant un questionnaire en mars 2023, il espère découvrir si les Français sont prêts à goûter. Les données sont en cours d’analyse.

Connaître l’espèce

En fait, on sait très peu de choses sur l’espèce invasive. Afin d’améliorer les connaissances sur le cycle et la saisonnalité de l’espèce, le parc naturel marin du golfe du Lion a commencé à tester en 2019 un nouveau protocole de suivi par piégeage (piégeage à l’aide de casiers), en mobilisant à la fois les ostréiculteurs et les pêcheurs. L’objectif ? Son expansion est limitée par l’optimisation du captage.

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